par eolien Lun 10 Nov 2014 - 11:53
Bonjour Alexia,
Personne ne répondant à votre demande je sors exceptionnellement du bord de la touche où je me suis moi-même exilé (puisque c'est moi qui en réponse à votre premier MP vous avais demandé d'exposer vos requêtes en public sur le forum.)
Je connais le métier de pilote charter pour l'avoir exercé sur B 737 (Aéromaritime), sur A320 et A310 (Air France). (j'avais été détaché quelques mois chez Britania Airways une compagnie basée à Mancherster : c'était une compagnie sérieuse et j'en garde un bon souvenir)
J'ai donc vécu une situation privilégiée.
Aéromaritime était une filiale de l'UTA et après un conflit (grève jusqu'auboutiste) nous avions obtenu des contrats très intéressants. Ensuite à Air France, le confort social ne reflétait pas le métier tel que vécu ici et là par les pilotes des compagnies charters.
Le pilote de ligne d'une compagnie régulière exerce sur un réseau. Réseau géographique ou réseau lié à son avion.
Par exemple, à Air France, un pilote exerce sur la totalité des lignes effectuées par le type d'avion sur lequel il est affecté.
Si, sur ce réseau, il y a des terrains qui présentent des difficultés (relief, infrastructure) les pilotes doivent aller effectuer des "reconnaissances" avant de pouvoir être affectés vers ces destinations. (reconnaissance la plupart du temps faites au sol, ordi, voire Simu, voire in situ. par ex : j'avais été sélectionné dans la petite équipe retenue pour effectuer des vols en A320 sur le terrain de Cap Skiring, Sud Sénégal, piste trop courte pour des vols "normaux" : l'entrainement se faisait sur place)
Le pilote charter répond à des demandes non prévues. Les destinations sont au "pied-levé", et il n'a parfois que peu de temps pour préparer le vol.
C'est beaucoup plus vivant et enrichissant que la routine des lignes régulières. (c'est la raison pour laquelle je m'étais porté volontaire pour aller exercer chez A.C.I. Air Charter International, la compagnie charter d'Air France dans les années 90/2000. (A320 & A310).
Mais, j'insiste, les conditions de travail y étaient très confortables, loin de la galère de certaines compagnies charters.
Le revers de la médaille des compagnies charters est le statut précaire de ces emplois, la pression qui pèse sur le commandant de bord, le turn over des pilotes qui quittent dès qu'ils trouvent mieux ailleurs, ou bien qui se font virer parce qu'ils n'ont pas voulu répondre aux pressions exercées ...
L'accident de Charm-el-Cheikh illustre les risques liés à prendre ces compagnies.
Savez-vous que la plupart des pilotes de Ryannair n'ont pas de contrat de travail Ryannair, mais qu'ils doivent créer leur propre société (en général en Irlande), laquelle société les louent à Ryannair : vous imaginez que les questions de retraite, d'assurance maladie, etc, tout ce qui touche au social n'est pas dans les préoccupations premières de la direction de la compagnie. (Ryannair n'est pas vraiment une compagnie charter mais l'archétype de la low cost.)
Tant que le marché de l'emploi est mauvais (ça dure depuis dix ans dans le métier) les pilotes s'accrochent à leurs emplois et passent par le trou de la serrure pour en trouver.
Dès qu'ils trouvent mieux ailleurs ils s'en vont ...
Avant, les compagnies payaient les qualifications de type des avions sur lequel le pilote allait exercer, en échange d'un contrat d'amortissement : en général entre 5 et 7 ans selon l'avion.
Aujourd'hui les pilotes en quête d'emploi doivent se payer la qualification (30 000 € pour un B737-800)
En France il y a le CAC, le Code de l'Aviation Civile qui fixe des butées de temps de travail, de temps de service de vol, de repos minimum règlementaire. C'est un garde-fou à l'abus. Mais le ciel est ouvert et des compagnies venant de pays moins structurés peuvent venir offrir leurs services ...
Je vous dirige vers ce cite pour y glaner des informations : http://www.crash-aerien.aero/forum/les-compagnies-charter-f16.html
Il y a aussi les listes noires établies en Europe et aux USA : http://www.1001crash.com/index-page-liste_noire-lg-1.html
Bien évidemment, si le pilote de lignes régulières a un planning construit quelques semaines à l'avance, celui des compagnies charters réagit au coup de sifflet !...
C'est un métier avec beaucoup d'initiative, d'engagement.
J'espère que mon post vous permettra de trouver des pistes pour rédiger votre mémoire ...
Bien cordialement,
Eolien