Unique parce qu'il l'était, tant pas ses qualités de pilote, que par sa personnalité hors du commun.
Déjà, sur Mystère IV, il avait imposé sa marque.
Cet avion présentait un risque très grave en cas de difficulté sur une jambe de train, soit parce qu'elle ne voulait pas sortir, soit descendue mais non verrouillée et qui ne voulait pas se sécuriser bas, qui ne voulait pas non plus remonter pour permettre un atterrissage sur le ventre. Pour ceux qui avaient tenté l'atterrissage dans ces conditions, l'affaire s'était terminée en boule de feu.
La consigne était alors l'éjection.
Jean l'Unique a eu ce cas de figure.
"Remontez et éjectez-vous mon Capitaine !" demanda l'officier à la radio.
" Négatif ! je vais sauver la bagnole !..." rétorqua Jean l'Unique, de sa voix grave et rocailleuse.
Ce merveilleux pilote savait qu'il y avait un muret à la lisière de l'aérodrome. Voilà le Mystère IV qui déboule plein tube sur la piste, au raz du bitume, qui fonce vers le muret et Pan ! la jambe récalcitrante est arrachée pour un atterrissage à suivre sur le ventre, sans gros dégâts : l'avion réparé a repris son service.
Quelques années plus tard, Jean l'Unique rentre de mission sur son Mirage III. Il n'est plus très loin quand ... plouf ! ...extinction réacteur !...
Le Mirage est encore assez haut, son siège éjectable réglé pour une décharge modérée.
" Ejectez-vous mon Commandant !" demande l'officier à la radio.
" Négatif ! je vas sauver la bagnole !..." rétorque Jean l'Unique, convaincu d'arriver jusqu'à la piste en vol plané.
" Impossible mon Commandant, vous êtes trop loin, éjectez-vous !..."
" Négatif ! ... je vais sauver la bagnole !..." assure ce pilote d'exception.
Malheureusement, le Mirage III en vol plané a des caractéristiques plus proche du caillou que de la buse tournoyant sous un cumulus de beau temps. Le radio essaye bien de convaincre qu'il voit clairement sur sa position au radar qu'il n'a aucune chance d'atteindre la piste, rien n'y fait. le Mirage dégringole dans les nuages, l'oeil de son pilote alternant dedans et dehors, espérant voir débouler devant ses yeux une accueillante bande d'asphalte d'un gris joyeux.
L'altitude minimale d'éjection haute est franchie et c'est d'un doigt qui ne tremble pas que le pilote impétueux règle le siège éjectable sur 0/0, valeur qui garantit un coup de pied au cul d'une intensité maximale.
Lorsque le Mirage sort des nuages le sol est proche et se rapproche à toute vitesse.
Jean l'Unique lève les bras, attrape la poignée du siège éjectable qu'il rabat devant lui jusqu'à placer ses poings sous le menton, se crispant dans l'attente du terrible choc et comptant les 3 secondes règlementaires qui permettent au sacrifié de se rassembler, physiquement et mentalement pour affronter dans les meilleurs conditions la faramineuse explosion.
"1,2,3 !"
Rien, il ne se passe rien.
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Il faut que je m'absente, je reprendrai si la suite vous intéresse ...
" à suivre ..."