http://www.lefigaro.fr/medias/2019/02/21/20004-20190221ARTFIG00194-guerre-economique-la-france-et-l-ue-completement-desemparees.php
Pour notre ami massemini ?
...
Faire la «police juridico-économique mondiale». Pour Ali Laïdi, c'est bien à cela que sert l'arsenal juridique énorme à l'aide duquel les États-Unis attaquent régulièrement les entreprises étrangères, et auquel il consacre son nouveau livre: «Le droit, nouvelle arme de guerre économique» (Actes Sud, 20 février 2019).
Le mécanisme est souvent le même: un beau jour, l'entreprise visée reçoit une lettre l'informant d'une enquête par une administration américaine. Commence alors une longue coopération forcée (avec l'assistance d'un cabinet d'avocats obligatoirement américain), puis l'établissement d'un accord transactionnel, fonction des renseignements acquis. CGE, Alcatel, Alstom, Société Générale, Technip: la liste est longue pour la France, et le bilan lourd pour notre industrie ou notre secteur financier.
Certains groupes ont tellement peur qu'ils se dénoncent eux-mêmes, comme Airbus l'année dernière. Le plus surprenant? Il n'est pas nécessaire que le mal ait été fait aux États-Unis pour être concerné. Une transaction en dollar, un mail sur un serveur californien: pour l'administration fédérale, la moindre connection avec un élément «américain» est suffisante pour lancer l'enquête.
Un instrument d'hégémonie? Bien sûr, les lois américaines prétendent lutter contre la corruption et d'autres types d'objectifs louables, mais Ali Laïdi démontre qu'elles oublient souvent l'ordre international... et les entreprises américaines. «Dans le tableau de chasse des autorités américaines, les entreprises européennes sont à l'honneur, tandis que les concurrents américains brillent par leur quasi-absence», note l'auteur.
Un ancien cadre chez HSBC témoigne des enquêtes: «c'est fou le nombre des experts de sociétés qui sont d'anciens agents du FBI ou de la CIA».
Outre une explication complète des mécanismes à l'œuvre, le livre d'Ali Laïdi montre l'indigence de la réponse politique française et européenne, à une guerre qui dit pourtant presque ouvertement son nom.
En 1996, l'exécutif français s'était rebellé et avait déclaré que les lois américaines «violaient» les règles du commerce mondial. Une réponse s'était ébauchée, portée à l'échelon européen. L'Union avait protesté devant l'OMC. Hélas, la réaction n'aura été que de courte durée et les successions gouvernementales émousseront rapidement toute réelle volonté politique dans le domaine.
L'amende record de 9 milliards infligée en 2014 à la BNP (pour punir ses opérations à Cuba, en Iran et au Soudan), ne réveillera pas plus les consciences, de même que l'enquête parlementaire lancée par Pierre Lellouche (LR) et Karine Berger (PS) en 2016, malgré son rapport limpide. Tout reste donc à faire.
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Pour notre ami massemini ?
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Faire la «police juridico-économique mondiale». Pour Ali Laïdi, c'est bien à cela que sert l'arsenal juridique énorme à l'aide duquel les États-Unis attaquent régulièrement les entreprises étrangères, et auquel il consacre son nouveau livre: «Le droit, nouvelle arme de guerre économique» (Actes Sud, 20 février 2019).
Le mécanisme est souvent le même: un beau jour, l'entreprise visée reçoit une lettre l'informant d'une enquête par une administration américaine. Commence alors une longue coopération forcée (avec l'assistance d'un cabinet d'avocats obligatoirement américain), puis l'établissement d'un accord transactionnel, fonction des renseignements acquis. CGE, Alcatel, Alstom, Société Générale, Technip: la liste est longue pour la France, et le bilan lourd pour notre industrie ou notre secteur financier.
Certains groupes ont tellement peur qu'ils se dénoncent eux-mêmes, comme Airbus l'année dernière. Le plus surprenant? Il n'est pas nécessaire que le mal ait été fait aux États-Unis pour être concerné. Une transaction en dollar, un mail sur un serveur californien: pour l'administration fédérale, la moindre connection avec un élément «américain» est suffisante pour lancer l'enquête.
Un instrument d'hégémonie? Bien sûr, les lois américaines prétendent lutter contre la corruption et d'autres types d'objectifs louables, mais Ali Laïdi démontre qu'elles oublient souvent l'ordre international... et les entreprises américaines. «Dans le tableau de chasse des autorités américaines, les entreprises européennes sont à l'honneur, tandis que les concurrents américains brillent par leur quasi-absence», note l'auteur.
Un ancien cadre chez HSBC témoigne des enquêtes: «c'est fou le nombre des experts de sociétés qui sont d'anciens agents du FBI ou de la CIA».
Outre une explication complète des mécanismes à l'œuvre, le livre d'Ali Laïdi montre l'indigence de la réponse politique française et européenne, à une guerre qui dit pourtant presque ouvertement son nom.
En 1996, l'exécutif français s'était rebellé et avait déclaré que les lois américaines «violaient» les règles du commerce mondial. Une réponse s'était ébauchée, portée à l'échelon européen. L'Union avait protesté devant l'OMC. Hélas, la réaction n'aura été que de courte durée et les successions gouvernementales émousseront rapidement toute réelle volonté politique dans le domaine.
L'amende record de 9 milliards infligée en 2014 à la BNP (pour punir ses opérations à Cuba, en Iran et au Soudan), ne réveillera pas plus les consciences, de même que l'enquête parlementaire lancée par Pierre Lellouche (LR) et Karine Berger (PS) en 2016, malgré son rapport limpide. Tout reste donc à faire.
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