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    Une vraie histoire d'indiens

    Vector
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    Whisky Quebec


    Une vraie histoire d'indiens Empty Une vraie histoire d'indiens

    Message par Vector Jeu 15 Avr 2010 - 5:26

    La revanche du Comanche

    Le Piper Comanche était un bel avion de tourisme avec un moteur de 250 CV, pas variable, trains rentrant, pilote auto et bien d’autres raffinements. Celui sur lequel j’ai volé était en copropriété entre mon patron et un médecin réputé. Deux pilotes assez expérimentés, 300 heures environ si je me souviens bien, mais ayant chacun leurs lacunes. Mon patron n’aimait pas l’aviation, ce n’était pour lui qu’un moyen d’aller plus vite et la vitesse, il connaissait et aimait. Sa voiture favorite était une grosse Alfa-Romeo gonflée en Italie par Conrero et données pour un vrai 265 chrono. Je le sais car nous avons dû vérifier les prétentions des Italiens sur une nationale bordée de platanes. Excellente tenue de route aussi, il aimait prendre le virage de l’autoroute du Sud vers le périphérique, limité à 45, si je me souviens bien, aux environs de 120, jusqu’au moment où il y a eu des radars automatiques. Le Comanche était donc pour lui un moyen d’aller en ligne droite sans crainte des gendarmes, mais c’était moins excitant que l’Alfa. Dès l’altitude de croisière, il branchait le PA, réglait l’ADF sur l’émetteur d’Allouis et écoutait ses émissions favorites.

    L’autre propriétaire du Comanche était un médecin chirurgien à l’hôpital du coin où il jouissait d’une réputation enviable et passait pour un obsédé du détail. Rien ne lui échappait, pas la plus petite artère coronaire, ni la moindre valvule atrophiée. Jamais il n’oubliait ses instruments dans la poitrine du patient et on aurait pu lui confier le sort du monde qu’il se serait acquitté de la tâche avec une extrême diligence. De là à maîtriser avec brio un instrument aussi simple que l’avion, il n’y avait qu’un pas et notre docteur avait déjà accumulé pas mal d’heures de vol sur divers types le Comanche représentait une sorte de consécration dans ses aspiration en même temps qu’une évolution logique dans la complexité.

    Mais il est des détails moins apparents que d’autres et au cours d’une après-midi de tours de piste, notre médecin volant connut sa première défaillance depuis bien longtemps. Occupé à s’aligner sur la piste, à sortir les volets, régler le mélange et à ajuster la puissance il ne prit pas garde à d’innocente lampes rouges, ni au klaxon qui lui vrillait les oreilles alors qu’il s’appliquait à impressionner les quelques spectateurs par sa maîtrise des paramètres d’atterrissage. Tout s’annonçait bien, à part ce bruit agaçant et il sentait déjà l’avion rouler vers son parking. Soudain, l’image idyllique est remplacée par un cauchemar : l’hélice s’arrête avec une série de chocs et le ventre du bel oiseau d’argent prend contact avec la piste dans un bruit de grincement que nul caoutchouc ne vient amortir et continue à glisser jusqu’à l’arrêt complet. Et notre Daktari reste là assis aux commandes tandis qu’une odeur d’huile chaude envahit le cockpit. Les spectateurs se précipitent, le camion des pompiers arrive et l’honneur du monde médical en prend un grand coup derrière les oreilles quand il balbutie incrédule « mais que s’est-il passé, tout allait si bien ? ». De fait, l’atterrissage avait été si parfait que seule l’hélice, les quatre boulons de fixation des ailes et le radiocompas étaient endommagés.

    Tout cela serait un banal accident causé par une distraction bien compréhensible, s’il n’y avait pas une suite grandiose. Après quelques explications un peu orageuses avec son partenaire, quelques téléphones à l’assurance et moultes formulaires à remplir, l’infortuné Comanche fut démonté, mis sur un camion et transporté à Genève, chez Piper Aircraft International. Fin du premier acte.

    Quelques mois plus tard, notre malade était sorti d’affaire, réparé, repeint, testé en vol et prêt à prendre le chemin du retour. Joie chez les deux propriétaires qui se ménagèrent un week-end entier pour ramener le fils prodigue au bercail. Ils louèrent un avion du club local, un Ambassadeur, et se rendirent d’un trait à l’aéroport de Genève-Cointrin par une authentique tempête de ciel bleu qui facilita grandement la navigation.

    Arrivés à destination, mon patron décida de ramener son petit convalescent à la maison et de laisser son partenaire ramener l’Ambassadeur, dont le pilotage demandait moins de compétences techniques. Toutefois, le disciple d’Hippocrate, jugeant la pénitence disproportionnée, fit valoir qu’il n’était pas membre du club que l’avion avait été loué par son acolyte et qu’il n’était pas assuré pour voler. Force fut donc de lui laisser ramener le Comanche. « Je pars devant avec l’Ambassadeur, dit mon patron, va signer les papiers et, comme tu voles plus vite, tu me rattrapera le long de la route et ont atterrira ensemble. » Aussitôt dit, aussitôt fait !

    Le chemin du retour était simple et sans difficultés particulières avec Lyon et le Rhône comme points de repère. Grâce à la magie de la Fée Électricité, nos deux compères communiquaient en VHF sur 123,5.
    – Où es-tu par rapport à Lyon, je ne te vois pas encore, tu aurais déjà dû me rejoindre.
    – J’aperçois le Rhône, mais j’ai décollé un peu en retard et l’avion ne semble pas tirer comme d’habitude, il se traîne un peu.
    – Ah, c’est bizarre, il faudra demander au mécanicien de regarder ça. Bon, alors je continue et je t’attends là-bas.
    – OK, cela ne devrait pas être long.

    À destination, l’émotion est palpable, Bravo Mike était enfin de retour. À l’heure prévue, l’Ambassadeur arrive, fait trois tours de piste et finit par se poser. Mon patron descend et se rend au bord de la piste pour assister à l’arrivée avec les spectateurs attentifs. Un bruit de moteur et le Comanche arrive en approche directe. Quelqu’un fait remarquer « cette fois, il n’a pas perdu de temps pour sortir son train ! ». Effectivement l’avion a déjà son train dehors en longue finale. Il approche dans l’axe, se met en descente, RENTRE le train et se pose dans une superbe gerbe d’étincelles.

    Cette fois les pompiers ont eu plus de mal à éteindre le feu et le pauvre avion avait plus de mal que la première. Heureusement, il n’y a jamais eu de troisième fois et si vous passez chez Piper à Genève, ils n’ont sans doute pas encore fini de rigoler !
    voodoo
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    Message par voodoo Jeu 15 Avr 2010 - 8:38

    Merci pour cette histoire.
    Poncho (Admin)
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    Message par Poncho (Admin) Jeu 15 Avr 2010 - 8:48

    Argh...
    Superbe

    Merci...

    A imaginer la fin (le comanche qui se traine...) on est déjà malheureusement pour l'avion avec un large sourire sur les lèvres...


    _________________
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    Message par Vector Jeu 15 Avr 2010 - 17:41

    Poncho, vous n'êtes pas le seul à esquisser un sourire, toute la communauté aéronautique du coin se roulait par terre de rire.
    Moi j'ai beaucoup moins ri, car c'était mon avion et cet incident a beaucoup influé sur ma carrière aéronautique.
    Beochien
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    Whisky Charlie


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    Message par Beochien Jeu 15 Avr 2010 - 17:48

    Le train fixe et bien caréné !
    Une solution peut être !
    Moi j'ai pratiqué comme passager à Caracas city airport !
    Pas triste non plus !
    Ils ont de belles voies rapides qui longent l'aéroport !
    Trés utile ajuster sa vitesse aux toits des voitures en dessous !
    C'était pas moi, mais ça aurait pu !
    Perte de puissances au décollage, bougies ou plutôt magnetos humides, eau dans l'essence ou kéro à la place de la gasolina, etc ...
    Toujours éviter le contre sens sur l'autoroute, et les dessus de camions, dans ces cas las !
    Le reste s'arrange toujours à peu prés ...

    JPRS
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    Message par Poncho (Admin) Jeu 15 Avr 2010 - 21:46

    Vector a écrit:Poncho, vous n'êtes pas le seul à esquisser un sourire, toute la communauté aéronautique du coin se roulait par terre de rire.
    Moi j'ai beaucoup moins ri, car c'était mon avion et cet incident a beaucoup influé sur ma carrière aéronautique.

    J'imagine
    J'ai relu ma phrase de ce matin... il manquait comme d'hab 2 ou 3 mots...
    Le maheureusement... tentait d'imaginer cette délicate situation


    Bonne soirée


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