Lu sur Le Point ce matin
http://www.lepoint.fr/actualites-monde/2010-05-05/trafic-aerien-les-avions-pourraient-bientot-voler-avec-un-peu-de-cendres-dans/924/0/451464
On commence à y voir plus clair sur les cendres. Pas moins d'une
soixantaine d'experts de sociétés aéronautiques représentant les
motoristes, les constructions d'avions, les équipementiers et les
organismes de certification (FAA américaine et EASA européenne) ont
formé, à l'initiative des Britanniques, un groupe de travail informel
sur les conséquences des cendres volcaniques. Recommandation de ces
spécialistes, qui ont tenu six conférences téléphoniques entre le 18 et
le 26 avril, en pleine paralysie du ciel européen : le seuil de
concentration au-delà duquel il ne faudrait pas faire voler d'avions
devrait être porté à 2 milligrammes de cendres par mètre cube (2 mg/m3),
contre 0,2 mg/m3 actuellement.
"Pour l'instant, ce ne sont pas encore des normes et il n'y a pas de
modification de la réglementation", relève Jacques Renvier, directeur
technique adjoint de la Snecma (groupe Safran), qui assemble à Melun,
près de Paris, le réacteur CFM 56, le moteur civil le plus construit au
monde. Selon lui, la prochaine étape devrait réunir un groupe de travail
entre avionneurs et motoristes dans le cadre de l'Organisation de
l'aviation civile internationale avant, peut-être, l'élaboration de
recommandations applicables aux compagnies aériennes et aux motoristes.
"Pas possible de prendre de risque"
La tolérance zéro des autorités de sécurité du transport aérien avait
cloué au sol les avions en Europe du 16 au 21 avril dernier. "Je n'avais
pas été surpris par ces mesures, explique Jacques Renvier. J'ai compris
cette démarche en me remémorant les deux incidents majeurs de Jakarta
(1982) et Anchorage (1989) qui avaient provoqué l'arrêt des moteurs. Il
n'était pas possible de prendre le risque d'un nouvel accident."
Une zone "orange" est également définie entre 0,2 et 2 mg/m3 de
cendres. Dans ce cas, une inspection directe du moteur est demandée. "Il
s'agit d'un simple examen visuel du moteur, sans baroscope, qui
recherche des traces d'érosion associées à des cendres", précise Jacques
Ranvier. En dessous de 0,2 mg/m3, aucune action n'est nécessaire.
Alaska Airlines, compagnie des volcans
Les motoristes restent toutefois sceptiques sur les "vols d'essai"
effectués par différentes compagnies aériennes sans reports précis et
scientifiques des altitudes et positions utilisées lors des vols. En
France, c'est à la Délégation générale pour l'armement (DGA,) rattachée
au ministère de la Défense, que revient la responsabilité des vols
d'essai, qu'ils soient civils ou militaires.
Basée à Seattle dans l'État de Washington, la compagnie Alaska
Airlines vole au quotidien - ou presque - dans un environnement
volcanique. Après l'éruption, en 1980, du mont Saint Helens, près de
l'aéroport de Seattle-Tacoma, le transporteur qui exploite une centaine
de moyen-courriers le long de la côte ouest, du Mexique à l'Alaska, a
défini des protocoles adaptés à cette situation volcanique. "Nous avons
trouvé une solution pour continuer à travailler autour d'eux",
expliquait récemment Ken Williams, chef pilote, interrogé par le
Wall Street Journal
. "Première règle absolue : s'il y a des cendres, aucun avion ne peut
décoller, atterrir ou même rouler au sol sur l'aéroport au risque de
boucher le circuit de conditionnement d'air et d'immobiliser l'appareil
pour au moins 36 heures."
Règles strictes
En collaboration avec des spécialistes des volcans et de la météo, les
trajectoires des cendres sont modélisées sur l'Alaska et le nord du
Pacifique. Des pilotes de réserve d'Alaska Airlines et des propriétaires
d'avions privés effectuent des vols pour corroborer les données du
modèle avec des relevés de vents, de températures à différentes
altitudes. "Plus nous avons de données, plus notre précision de
prévisions devient chirurgicale", se félicite Ken Williams. Dernières
consignes : ne pas s'approcher à moins de 35 miles (environ 56 km) du
nuage et, de nuit, rester au sol si la visibilité ne permet pas
d'identifier clairement les masses nuageuses.
De plus, lors des entraînements réguliers au simulateur, la procédure
de rallumage des moteurs supposés éteints par les cendres est effectuée,
les pilotes portant les masques à oxygène dans un environnement de
fumées.
"Il n'y a pas qu'un type de nuage"
Jacques Renvier connaît bien cette compagnie qui met en ligne une
centaine de Boeing 737 équipés chacun de deux moteurs Snecma-GE CFM 56.
Pour lui, pas question de copier-coller le mode opératoire d'Alaska
Airlines sur d'autres compagnies. "Il n'y a pas qu'un type de nuage. Les
compositions physique et chimique différentes des cendres peuvent
amener des règles différentes d'un volcan à l'autre."
La pollution volcanique est provoquée par des particules de lave de
très petites dimensions, de quelques microns, à des particules de plus
grandes tailles, de l'ordre du dixième de millimètre. Ces particules
sont constituées d'au moins 80 % de silice, matériau fortement abrasif
qui, à la chaleur du réacteur, se transforme en verre, et de composés
soufrés. L'alumine en plus ou moins forte concentration est
particulièrement dure et use les composants du moteur.
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Je ne sais pas ce qu'en pense la DGA et les autorités.........