par eolien Lun 5 Oct 2015 - 15:50
Les Echos :
Air France : mobilisation test contre les réductions d'effectifs
Bruno Trevidic
Douze syndicats d'Air France appellent à une journée d'action, ce lundi. Peu de perturbations sont attendues. Le plan de réduction d'effectifs sera présenté aujourd'hui en CCE.
Ce lundi sera une nouvelle journée-test pour Air France. La quasi-totalité des organisations syndicales appellent à une journée de mobilisation, dont le point d'orgue est un rassemblement devant le siège d'Air France, à Roissy-CDG. Au même moment débutera un comité central d'entreprise (CCE), durant lequel sera présenté le plan de réduction de l'offre et des effectifs, décidé jeudi par le conseil d'administration d'Air France-KLM, après l'échec des négociations avec les syndicats de pilotes. Ce plan prévoirait une réduction de l'offre d'Air France d'environ 10 % d'ici à fin 2017 et, selon les syndicats, 2.900 suppressions de postes (300 pilotes, 700 hôtesses et stewards et 1.900 personnels au sol), avec pour la première fois, la possibilité de licenciements secs parmi les navigants.
Malgré l'appel à la grève lancé par la CGT, FO et l'Unsa, Air France ne prévoit pas d'annulation de vols, mais quelques retards. Les syndicats espèrent faire une démonstration de force suffisante pour pousser la direction à reprendre les négociations. Ces derniers jours, de nombreuses voix se sont également fait entendre dans ce sens, notamment celle du Premier ministre, Manuel Valls, et du président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale, Bruno Le Roux. Le président du SNPL Air France, présenté par la direction comme le responsable de l'échec des négociations, s'est dit « prêt à faire de nouvelles propositions ». Le prochain conseil du SNPL jeudi, viendra probablement confirmer cette position, même si des dissensions sont apparues chez les pilotes. Le bureau du SNPL AF a taclé la décision du représentant des pilotes au conseil d'administration d'Air France-KLM de voter en faveur du lancement du plan alternatif.
Jusqu'à présent, le PDG d'Air France-KLM, Alexandre de Juniac, comme celui d'Air France, Frédéric Gagey, sont restés inflexibles. Aucune réunion n'est donc prévue avec les représentants des pilotes. Si les dirigeants d'Air France laissent la porte ouverte, rien ne semble pouvoir arrêter la mise en oeuvre du plan B. Ce plan d'attrition doit se dérouler sur deux ans, jusqu'à mars 2018, les deux tiers des mesures étant prévues pour 2017. Ce qui laisse le temps de trouver un accord, tout en appliquant les premières mesures d'économies indispensables au redressement d'Air France en 2016.
Tableau sombre
Car si la compagnie devrait revenir à l'équilibre en 2015, après sept années de pertes, elle le doit pour beaucoup à la baisse du prix du pétrole et aux résultats commerciaux inespérés de cet été. Or rien ne dit que ces circonstances favorables se prolongeront en 2016. La baisse de la recette unitaire se poursuit, la moitié des lignes long-courriers sont toujours dans le rouge, ainsi que l'intégralité du court et moyen-courrier. Un tableau sombre qui explique la décision de ne pas prolonger les discussions au-delà du 30 septembre. Le programme d'été, qui entre en vigueur en avril, doit être arrêté dans les prochains jours, pour être mis en oeuvre mi-octobre. En revanche, pour 2017, le plus gros du plan d'attrition pourrait encore être renégocié. C'est probablement ce qui arrivera. Car si les coupes franches permettront à Air France de rester en ligne avec ses prévisions budgétaires, elles ne régleront pas l'écart des coûts avec la concurrence. Pour cela, la direction n'a d'autres moyens que de renégocier les accords avec les représentants des personnels, en commençant pas les pilotes, dont tout découle.