Ariane 5 vient de lancer avec succès deux sondes, une ESA, l'autre JAXA
https://www.liberation.fr/futurs/2018/10/20/la-mission-europeenne-bepicolombo-en-route-vers-la-planete-mercure_1686628
"D’abord placé sur sa trajectoire de transfert par Ariane 5, le satellite a pu s’échapper du «puits de gravité de la terre» et entamer son chemin à une vitesse absolue proche de «40.000 km/h» selon ArianeGroup.
«Cette première mission européenne, en partenariat avec l’agence spatiale Japonaise, permettra de mieux comprendre la formation et l’évolution des planètes à proximité de notre étoile» s’est réjoui Stéphane Israël, président exécutif d’Arianespace à l’issue des opérations.
«BepiColombo», du nom du mathématicien et ingénieur italien Giuseppe Colombo (1920-1984) atteindra la planète Mercure via Vénus en fin d’année 2025.
Le satellite et ses deux sondes resteront en orbite autour de la planète pendant une ou deux années où ils subiront des températures supérieures à 350°C.
Cette mission étudiera «la surface, l’intérieur et l’environnement» de Mercure, planète rocheuse la plus petite du système solaire et la moins explorée par les scientifiques, a expliqué par communiqué Arianespace.
Elle profite de la «première application de l’augmentation de débit du moteur Vulcain 2, décidée dans le cadre de l’amélioration de la performance du lanceur Ariane 5» a indiqué ArianeGroup."
----------------
http://www.lefigaro.fr/sciences/2018/10/20/01008-20181020ARTFIG00012-la-sonde-europeenne-bepicolombo-s-est-elancee-vers-l-enfer-de-mercure.php
"Après 27 minutes, le deuxième étage de la fusée se sépare du vaisseau spatial, l'un des plus complexes jamais construits par l'Homme.
La sonde (une réalisation d'Airbus Defense and Space pour le compte de l'ESA) est composée de quatre «morceaux»:
- un module de traversée
- deux orbiteurs (l'européen Bepi et le japonais Mio)
- et un bouclier thermique.
L'ensemble ne pèse «que» 4 tonnes. C'est la plus petite charge emportée par Ariane 5 dans son histoire. C'est aussi sa première mission planétaire. La première qui s'envole depuis Kourou.
... Sept années d'une trajectoire complexe qui la verra frôler la Terre en 2020, puis Vénus à deux reprises et Mercure six fois.
Chacun de ces passages lui permettra de modifier sa direction.
Des freinages successifs lui permettront en outre d'approcher la vitesse de Mercure pour se placer enfin en orbite en 2024, après avoir largué son bouclier thermique et son module de propulsion électrique.
... Commenceront alors les campagnes de mesures des deux engins qui doivent durer un à deux ans.
Objectif: percer les secrets de la plus proche et la plus petite planète du Système solaire. De comprendre, notamment, comment ce caillou à peine plus gros que la Lune parvient à générer son propre champ magnétique. Une curiosité découverte par la sonde américaine Mariner10 en 1973 et confirmée par la mission Messenger de la Nasa entre 2011 et 2014.
BepiColombo, qui a une durée de vie de 8,5 ans dont 7 ans de voyage, tentera entre autres choses de déterminer la composition de la surface de la brûlante planète. Elle devra aussi identifier la nature de la glace qui se cache étonnamment au coeur des cratères polaires qui ne voient jamais la lumière du Soleil. Et expliquer comment les dépressions irrégulières découvertes à sa surface par Messenger, des structures inédites dans le Système solaire baptisées «hollows», ont bien pu se former.
À charge ensuite pour les théoriciens et les modélisateurs de raconter quelle peut bien être l'histoire de la formation de cette planète étrange dont la fine croûte masque un immense cœur métallique fondu. L'enjeu est important: c'est toute l'histoire du Système solaire, et de notre planète, qui pourrait s'en trouver bouleversée.
------
https://www.lemonde.fr/cosmos/article/2018/10/20/bepicolombo-a-commence-son-voyage-de-sept-ans-vers-mercure_5372163_1650695.html
"Pour BepiColombo, ce lancement ne constitue que le début d’un long, d’un très long voyage. Même si Mercure s’approche parfois à moins de 80 millions de kilomètres de la Terre, il est paradoxalement beaucoup plus rapide de se rendre sur Jupiter, qui se trouve pourtant à des centaines de millions de kilomètres de nous. Le paradoxe se renforce quand on sait qu’il faut davantage d’énergie pour atteindre Mercure que pour aller sur Pluton, qui se promène à des milliards de kilomètres…
Les lois de la mécanique céleste impliquent en effet qu’il est plus simple de naviguer vers l’extérieur du Système solaire que vers l’intérieur.
La faute en incombe au Soleil, dont la masse faramineuse crée un puits gravitationnel dans l’espace. Placer une sonde en orbite autour de Mercure, la planète la plus proche de notre étoile, ressemble à un casse-tête, car cela revient à lancer une bille dans un entonnoir géant en faisant en sorte qu’elle ne tombe pas dans le trou… Hors de question d’emprunter une trajectoire directe : il serait impossible de freiner et le vaisseau finirait dans la fournaise solaire. Game over. La seule solution passe par un long chemin des écoliers tracé il y a quelques décennies par le chercheur italien Giuseppe « Bepi » Colombo (1920-1984) qui donne son nom à la mission : cette odyssée de l’espace prévoit d’effectuer pas moins de 18 révolutions autour du Soleil, 18 ronds dans l’entonnoir, afin de n’entrer que lentement vers l’intérieur du Système solaire et ne pas finir englouti au fond du puits.
Pour ce faire, la sonde profitera de neuf coups de pouce – appelés « assistances gravitationnelles » – donnés par trois planètes : la Terre, en avril 2020 ; Vénus, en octobre 2020 et août 2021 ; et Mercure elle-même à six reprises entre octobre 2021 et janvier 2025. A chaque coup de pouce, BepiColombo resserrera sa trajectoire, qui finira par se confondre avec celle de Mercure, en décembre 2025. A ce moment-là, 9 milliards de kilomètres auront été parcourus. La sonde utilisera ses différents moteurs à de nombreuses reprises pour réussir ses rendez-vous planétaires et pour contrecarrer l’accélération due au Soleil. Ainsi que le souligne Nicolas Chamussy, vice-président exécutif d’Airbus Defence and Space à qui l’ESA et la JAXA ont confié la construction de BepiColombo, « au total, le moteur principal à propulsion électrique aura fonctionné deux ans en temps cumulé ».
Aller sur Mercure et y travailler revient donc à reproduire le vol d’Icare en essayant de ne pas connaître son sort tragique. Si la mission, dans les cartons depuis les années 1990, ne part qu’aujourd’hui, c’est parce que le défi technologique imposé par la proximité du Soleil est immense et qu’il a fallu innover sans cesse pour le relever. Certains matériaux devront ainsi à la fois résister à un froid de – 170 °C et à un enfer de 450 °C.
C’est pour cette raison que BepiColombo, en plus de son vaisseau et de ses deux orbiteurs – le Mercury Planetary Orbiter (MPO) de l’ESA et le Mercury Magnetospheric Orbiter (MMO, rebaptisé Mio) de la JAXA – est équipé d’une sorte de coiffe qui assurera une protection thermique pendant tout le voyage.
Celle-ci sera éjectée au moment de l’arrivée autour de Mercure, en décembre 2025, et les deux appareils scientifiques se sépareront pour suivre des orbites différentes. Mio tournoiera sur lui-même – façon de ne pas surchauffer – et, avec ses cinq instruments, étudiera l’environnement externe de la planète (magnétosphère, atmosphère, poussières, vent solaire). Quant à MPO, bardé d’isolations – dont des couvertures cousues main – et doté d’un immense radiateur pour évacuer la chaleur, ses onze instruments se concentreront sur la surface et les entrailles mercuriennes.
Car ne l’oublions pas, si l’on a dépensé 1,7 milliard d’euros pour construire cette mission, ce n’est pas tant pour l’exploit spatial ou l’innovation technologique que pour la science.
Même si la NASA a déjà envoyé deux engins vers la petite planète – Mariner 10 dans les années 1970 et Messenger (en opération de 2011 à 2015) –, Günther Hasinger rappelle que Mercure « reste la planète la moins explorée du Système solaire, si on met de côté les géantes de glace Uranus et Neptune, et qu’elle comporte plusieurs mystères ».
Comment expliquer qu’elle soit si sombre ? D’où provient son atmosphère très ténue et comment évolue-t-elle avec le temps ? Qu’est-ce qui explique la présence d’une magnétosphère ? Quid des glaces détectées dans les cratères qui ne voient jamais la lumière du Soleil au pôle nord (« des glaçons dans un four à pizza » pour reprendre la formule imagée de Günther Hasinger) ? Mercure s’est-elle formée plus loin que Mars comme le suggèrent certains éléments ? Mais, dans ce cas, comment a-t-elle migré là où elle se trouve ? Les réponses sont peut-être au bout du voyage…"
-----
https://www.boursier.com/actualites/economie/espace-bepicolombo-entame-un-incroyable-voyage-de-7-ans-vers-mercure-39964.html
"Cette mission ambitieuse est le fruit d'une inspirante coopération internationale qui réunit 83 entreprises de 16 nations européennes et du Japon" commente Nicolas Chamussy, Directeur général de Space Systems.
Voyage de 7 ans à 120.000 km/h
Ariane 5 a lancé BepiColombo à une vitesse supérieure à la vitesse dite de libération, nécessaire pour échapper à l'attraction terrestre, afin d'injecter la sonde sur une orbite solaire similaire à celle de la Terre, à une vitesse de croisière d'environ 120.000 km/h.
"Cet effort multinational, impliquant les équipes Airbus de 5 pays est la conséquence naturelle de la volonté humaine d'en savoir plus sur cette planète méconnue et sur l'origine de notre système solaire. Toute grande mission nécessite de relever de grands défis : Airbus a dû, par exemple, développer des solutions de contrôle thermique sophistiquées et même des panneaux solaires 'sur mesure', capables de se détourner du Soleil en s'inclinant jusqu'à 75 degrés afin de limiter la température. Le défi maintenant est d'arriver sans encombre à destination et de nous fournir les données scientifiques que nous attendons tous", explique Nicolas Chamussy.
---------------
https://www.zonebourse.com/THALES-4715/actualite/Thales-Go-Bepi-Go-En-route-pour-un-excitant-voyage-vers-Mercure--27457819/
La principale difficulté de la mission BepiColombo est de faire face à des températures très élevées qui ont nécessité le développement de technologies spéciales dédiées aux hautes températures. Comparativement à la Terre, Mercure est plus proche du Soleil de deux-tiers et on estime que le rayonnement solaire en orbite autour de Mercure est dix fois plus intense qu'auprès de la Terre. La sonde spatiale devra résister à des températures supérieures à 300°C pendant sa mission à proximité de Mercure, avec des rayonnements locaux sur le réflecteur de l'antenne supérieurs à 400°C, tandis que l'électronique et les instruments du vaisseau spatial devront fonctionner à des températures comprises entre 0° et 40°. Il était donc nécessaire de développer des matériaux et des dispositifs spéciaux pour tous les éléments exposés, incluant les couvertures thermiques, le radiateur thermique, les antennes et les mécanismes de pointage.
Relevant ce grand défi, Thales Alenia Space a coordonné un groupe industriel de 35 entreprises européennes, développé les systèmes de télécommunications, de contrôle thermique et de distribution d'énergie électrique, ainsi que géré l'intégration et les tests du MPO (Mercury Planetary Orbiter), du MTM (Mercury Transfer Module) et du satellite complet jusqu'à la fin de la campagne de lancement. Thales Alenia Space a également fourni le transpondeur pour les communications en espace lointain (Deep Space Transponder - DST) en bande X et Ka, l'ensemble de distribution radiofréquence, l'ordinateur de bord, la mémoire de masse et l'antenne grand gain, antenne parabolique orientable de 1,1 mètre utilisée pour les communications vers le sol ainsi que pour l'expérience scientifique radio de cette mission. Cette antenne bi-bande est dérivée de l'antenne développée pour la mission Cassini-Huygens vers Saturne qui a connu un immense succès.
« Aujourd'hui, nous sommes très fiers de notre participation majeure au sein de ce programme », a déclaré Walter Cugno, Vice-Président du Domaine de l'Exploration and Responsable pour la Science chez Thales Alenia Space. « Pour nous, le lancement de BepiColombo représente clairement une avancée technologique et industrielle majeure permettant à Thales Alenia Space de relever les nouveaux défis des missions d'exploration de l'ESA (Exomars, Euclid, Juice, etc) et d'être plus concurrentiel au niveau mondial. Grâce à notre haut niveau d'expertise technologique, nous avons renforcé notre leadership et nous nous sommes positionnés comme partenaire mondial pour les programmes spatiaux avancés. Thales Alenia Space a apporté une contribution significative aux grandes missions internationales d'exploration spatiale et, grâce à nos capacités, il sera possible d'aller encore plus loin ».
------
http://www.air-cosmos.com/bepicolombo-en-route-vers-mercure-116371
La sonde se compose de deux orbiteurs distincts : MMO (Mercury Magnetospheric Orbiter), fournie par l’agence spatiale japonaise (Jaxa), et MPO (Mercury Planetary Orbiter), fournie par l’Agence spatiale européenne (ESA).
La première est équipée de 5 instruments scientifiques. Elle s’intéressera à la magnétosphère et au champ magnétique de Mercure. La seconde compte 11 instruments. Elle étudiera la surface et la structure interne de la planète.
Dans le cadre d'un consortium rassemblant 83 entreprises issues de 16 pays européens, Airbus Defence and Space, avec l’aide de Thales Alenia Space, s’est vu confier la construction de l’orbiteur européen MTO, du module de transfert MTM (abritant MMO et MTO) et du bouclier thermique du module d’interface Mosif.
...
Réalisée sous la maîtrise d’ouvrage du Cnes, la contribution française s’élève à six des seize expériences scientifiques embarquées, fournies par huit laboratoires liés au CNRS : IAS, IPGP, IRAP, LAM, Latmos, Lesia, LPC2E et LPP.
------
un point au 22 octobre
http://www.esa.int/Our_Activities/Operations/BepiColombo_s_beginning_ends
la fin de cet article :
"...Booster separation came just two minutes later, as the Ariane 5’s two solid rocket boosters detached themselves from the core stage; later, BepiColombo began its solo flight upon separation from the Ariane upper stage at around 4:12 CEST.
“Years of planning, and months of training and simulations led up to these fast-paced and vital moments,” recalls Elsa.
“Even after a successful liftoff and separation, we couldn’t relax. Everyone was waiting for the moment we heard BepiColombo’s first call, what we call the ‘Acquisition of Signal’.”
At 04:20 CEST, ESA’s deep space tracking station at New Norcia, Western Australia, picked up these first signals, followed by a rush of ‘telemetry’ — real-time status information and data — which was the first chance teams on the ground had to verify how the spacecraft was adapting to its new environment.
BepiColombo’s first image from space
Since then, BepiColombo has not only communicated bundles of engineering telemetry, but its Mercury Transfer Module has also sent home spectacular images from a series of three low-resolution monitoring cameras, known as the “Selfie-cams.”
These images allowed flight controllers to visually verify the correct deployment of solar arrays and antennas.
Having worked around the clock since the launch of this remarkable mission, teams at ESA’s control centre in Germany are tired, but happy.
“The launch and early orbit phase was a huge success, but now comes seven years of complex operations as BepiColombo travels nine billion km to the innermost planet of the Solar System,” explains Paolo Ferri, Head of Mission Operations at ESA.
“The first ion thruster ‘operational arc’ will begin in mid-December, steering BepiColombo on its interplanetary trajectory.”
In an 'operational arc', the spacecraft's ion thruster runs at low energies for extended periods of hours and days, as opposed to traditional, high-energy chemical thruster burns that run for just minutes or hours. The benefit of an arc is it provides the same acceleration with less fuel mass.
Paolo continues, “With the combined experience from experts in operations, flight dynamics, mission data systems and deep space ground stations, BepiColombo could not be in more reliable hands.”
"
https://www.liberation.fr/futurs/2018/10/20/la-mission-europeenne-bepicolombo-en-route-vers-la-planete-mercure_1686628
"D’abord placé sur sa trajectoire de transfert par Ariane 5, le satellite a pu s’échapper du «puits de gravité de la terre» et entamer son chemin à une vitesse absolue proche de «40.000 km/h» selon ArianeGroup.
«Cette première mission européenne, en partenariat avec l’agence spatiale Japonaise, permettra de mieux comprendre la formation et l’évolution des planètes à proximité de notre étoile» s’est réjoui Stéphane Israël, président exécutif d’Arianespace à l’issue des opérations.
«BepiColombo», du nom du mathématicien et ingénieur italien Giuseppe Colombo (1920-1984) atteindra la planète Mercure via Vénus en fin d’année 2025.
Le satellite et ses deux sondes resteront en orbite autour de la planète pendant une ou deux années où ils subiront des températures supérieures à 350°C.
Cette mission étudiera «la surface, l’intérieur et l’environnement» de Mercure, planète rocheuse la plus petite du système solaire et la moins explorée par les scientifiques, a expliqué par communiqué Arianespace.
Elle profite de la «première application de l’augmentation de débit du moteur Vulcain 2, décidée dans le cadre de l’amélioration de la performance du lanceur Ariane 5» a indiqué ArianeGroup."
----------------
http://www.lefigaro.fr/sciences/2018/10/20/01008-20181020ARTFIG00012-la-sonde-europeenne-bepicolombo-s-est-elancee-vers-l-enfer-de-mercure.php
"Après 27 minutes, le deuxième étage de la fusée se sépare du vaisseau spatial, l'un des plus complexes jamais construits par l'Homme.
La sonde (une réalisation d'Airbus Defense and Space pour le compte de l'ESA) est composée de quatre «morceaux»:
- un module de traversée
- deux orbiteurs (l'européen Bepi et le japonais Mio)
- et un bouclier thermique.
L'ensemble ne pèse «que» 4 tonnes. C'est la plus petite charge emportée par Ariane 5 dans son histoire. C'est aussi sa première mission planétaire. La première qui s'envole depuis Kourou.
... Sept années d'une trajectoire complexe qui la verra frôler la Terre en 2020, puis Vénus à deux reprises et Mercure six fois.
Chacun de ces passages lui permettra de modifier sa direction.
Des freinages successifs lui permettront en outre d'approcher la vitesse de Mercure pour se placer enfin en orbite en 2024, après avoir largué son bouclier thermique et son module de propulsion électrique.
... Commenceront alors les campagnes de mesures des deux engins qui doivent durer un à deux ans.
Objectif: percer les secrets de la plus proche et la plus petite planète du Système solaire. De comprendre, notamment, comment ce caillou à peine plus gros que la Lune parvient à générer son propre champ magnétique. Une curiosité découverte par la sonde américaine Mariner10 en 1973 et confirmée par la mission Messenger de la Nasa entre 2011 et 2014.
BepiColombo, qui a une durée de vie de 8,5 ans dont 7 ans de voyage, tentera entre autres choses de déterminer la composition de la surface de la brûlante planète. Elle devra aussi identifier la nature de la glace qui se cache étonnamment au coeur des cratères polaires qui ne voient jamais la lumière du Soleil. Et expliquer comment les dépressions irrégulières découvertes à sa surface par Messenger, des structures inédites dans le Système solaire baptisées «hollows», ont bien pu se former.
À charge ensuite pour les théoriciens et les modélisateurs de raconter quelle peut bien être l'histoire de la formation de cette planète étrange dont la fine croûte masque un immense cœur métallique fondu. L'enjeu est important: c'est toute l'histoire du Système solaire, et de notre planète, qui pourrait s'en trouver bouleversée.
------
https://www.lemonde.fr/cosmos/article/2018/10/20/bepicolombo-a-commence-son-voyage-de-sept-ans-vers-mercure_5372163_1650695.html
"Pour BepiColombo, ce lancement ne constitue que le début d’un long, d’un très long voyage. Même si Mercure s’approche parfois à moins de 80 millions de kilomètres de la Terre, il est paradoxalement beaucoup plus rapide de se rendre sur Jupiter, qui se trouve pourtant à des centaines de millions de kilomètres de nous. Le paradoxe se renforce quand on sait qu’il faut davantage d’énergie pour atteindre Mercure que pour aller sur Pluton, qui se promène à des milliards de kilomètres…
Les lois de la mécanique céleste impliquent en effet qu’il est plus simple de naviguer vers l’extérieur du Système solaire que vers l’intérieur.
La faute en incombe au Soleil, dont la masse faramineuse crée un puits gravitationnel dans l’espace. Placer une sonde en orbite autour de Mercure, la planète la plus proche de notre étoile, ressemble à un casse-tête, car cela revient à lancer une bille dans un entonnoir géant en faisant en sorte qu’elle ne tombe pas dans le trou… Hors de question d’emprunter une trajectoire directe : il serait impossible de freiner et le vaisseau finirait dans la fournaise solaire. Game over. La seule solution passe par un long chemin des écoliers tracé il y a quelques décennies par le chercheur italien Giuseppe « Bepi » Colombo (1920-1984) qui donne son nom à la mission : cette odyssée de l’espace prévoit d’effectuer pas moins de 18 révolutions autour du Soleil, 18 ronds dans l’entonnoir, afin de n’entrer que lentement vers l’intérieur du Système solaire et ne pas finir englouti au fond du puits.
Pour ce faire, la sonde profitera de neuf coups de pouce – appelés « assistances gravitationnelles » – donnés par trois planètes : la Terre, en avril 2020 ; Vénus, en octobre 2020 et août 2021 ; et Mercure elle-même à six reprises entre octobre 2021 et janvier 2025. A chaque coup de pouce, BepiColombo resserrera sa trajectoire, qui finira par se confondre avec celle de Mercure, en décembre 2025. A ce moment-là, 9 milliards de kilomètres auront été parcourus. La sonde utilisera ses différents moteurs à de nombreuses reprises pour réussir ses rendez-vous planétaires et pour contrecarrer l’accélération due au Soleil. Ainsi que le souligne Nicolas Chamussy, vice-président exécutif d’Airbus Defence and Space à qui l’ESA et la JAXA ont confié la construction de BepiColombo, « au total, le moteur principal à propulsion électrique aura fonctionné deux ans en temps cumulé ».
Défi technologique immense
La gestion des grands panneaux solaires qui alimenteront ce moteur est presque aussi compliquée que le périple de la sonde, explique Frank Budnik, expert en dynamique de vol pour l’ESA : « Ces panneaux doivent être inclinés selon un angle bien précis, de façon à recevoir assez de lumière du Soleil pour assurer l’importante demande en énergie du système de propulsion et faire fonctionner le vaisseau, sans pour autant être trop exposés », auquel cas leurs cellules seraient tout bonnement grillées : aux abords de la petite planète, l’énergie reçue de notre étoile est plus de dix fois supérieure à celle qui arrive sur Terre.Aller sur Mercure et y travailler revient donc à reproduire le vol d’Icare en essayant de ne pas connaître son sort tragique. Si la mission, dans les cartons depuis les années 1990, ne part qu’aujourd’hui, c’est parce que le défi technologique imposé par la proximité du Soleil est immense et qu’il a fallu innover sans cesse pour le relever. Certains matériaux devront ainsi à la fois résister à un froid de – 170 °C et à un enfer de 450 °C.
C’est pour cette raison que BepiColombo, en plus de son vaisseau et de ses deux orbiteurs – le Mercury Planetary Orbiter (MPO) de l’ESA et le Mercury Magnetospheric Orbiter (MMO, rebaptisé Mio) de la JAXA – est équipé d’une sorte de coiffe qui assurera une protection thermique pendant tout le voyage.
Celle-ci sera éjectée au moment de l’arrivée autour de Mercure, en décembre 2025, et les deux appareils scientifiques se sépareront pour suivre des orbites différentes. Mio tournoiera sur lui-même – façon de ne pas surchauffer – et, avec ses cinq instruments, étudiera l’environnement externe de la planète (magnétosphère, atmosphère, poussières, vent solaire). Quant à MPO, bardé d’isolations – dont des couvertures cousues main – et doté d’un immense radiateur pour évacuer la chaleur, ses onze instruments se concentreront sur la surface et les entrailles mercuriennes.
Car ne l’oublions pas, si l’on a dépensé 1,7 milliard d’euros pour construire cette mission, ce n’est pas tant pour l’exploit spatial ou l’innovation technologique que pour la science.
Même si la NASA a déjà envoyé deux engins vers la petite planète – Mariner 10 dans les années 1970 et Messenger (en opération de 2011 à 2015) –, Günther Hasinger rappelle que Mercure « reste la planète la moins explorée du Système solaire, si on met de côté les géantes de glace Uranus et Neptune, et qu’elle comporte plusieurs mystères ».
Comment expliquer qu’elle soit si sombre ? D’où provient son atmosphère très ténue et comment évolue-t-elle avec le temps ? Qu’est-ce qui explique la présence d’une magnétosphère ? Quid des glaces détectées dans les cratères qui ne voient jamais la lumière du Soleil au pôle nord (« des glaçons dans un four à pizza » pour reprendre la formule imagée de Günther Hasinger) ? Mercure s’est-elle formée plus loin que Mars comme le suggèrent certains éléments ? Mais, dans ce cas, comment a-t-elle migré là où elle se trouve ? Les réponses sont peut-être au bout du voyage…"
-----
https://www.boursier.com/actualites/economie/espace-bepicolombo-entame-un-incroyable-voyage-de-7-ans-vers-mercure-39964.html
"Cette mission ambitieuse est le fruit d'une inspirante coopération internationale qui réunit 83 entreprises de 16 nations européennes et du Japon" commente Nicolas Chamussy, Directeur général de Space Systems.
Voyage de 7 ans à 120.000 km/h
Ariane 5 a lancé BepiColombo à une vitesse supérieure à la vitesse dite de libération, nécessaire pour échapper à l'attraction terrestre, afin d'injecter la sonde sur une orbite solaire similaire à celle de la Terre, à une vitesse de croisière d'environ 120.000 km/h.
"Cet effort multinational, impliquant les équipes Airbus de 5 pays est la conséquence naturelle de la volonté humaine d'en savoir plus sur cette planète méconnue et sur l'origine de notre système solaire. Toute grande mission nécessite de relever de grands défis : Airbus a dû, par exemple, développer des solutions de contrôle thermique sophistiquées et même des panneaux solaires 'sur mesure', capables de se détourner du Soleil en s'inclinant jusqu'à 75 degrés afin de limiter la température. Le défi maintenant est d'arriver sans encombre à destination et de nous fournir les données scientifiques que nous attendons tous", explique Nicolas Chamussy.
---------------
https://www.zonebourse.com/THALES-4715/actualite/Thales-Go-Bepi-Go-En-route-pour-un-excitant-voyage-vers-Mercure--27457819/
La principale difficulté de la mission BepiColombo est de faire face à des températures très élevées qui ont nécessité le développement de technologies spéciales dédiées aux hautes températures. Comparativement à la Terre, Mercure est plus proche du Soleil de deux-tiers et on estime que le rayonnement solaire en orbite autour de Mercure est dix fois plus intense qu'auprès de la Terre. La sonde spatiale devra résister à des températures supérieures à 300°C pendant sa mission à proximité de Mercure, avec des rayonnements locaux sur le réflecteur de l'antenne supérieurs à 400°C, tandis que l'électronique et les instruments du vaisseau spatial devront fonctionner à des températures comprises entre 0° et 40°. Il était donc nécessaire de développer des matériaux et des dispositifs spéciaux pour tous les éléments exposés, incluant les couvertures thermiques, le radiateur thermique, les antennes et les mécanismes de pointage.
Relevant ce grand défi, Thales Alenia Space a coordonné un groupe industriel de 35 entreprises européennes, développé les systèmes de télécommunications, de contrôle thermique et de distribution d'énergie électrique, ainsi que géré l'intégration et les tests du MPO (Mercury Planetary Orbiter), du MTM (Mercury Transfer Module) et du satellite complet jusqu'à la fin de la campagne de lancement. Thales Alenia Space a également fourni le transpondeur pour les communications en espace lointain (Deep Space Transponder - DST) en bande X et Ka, l'ensemble de distribution radiofréquence, l'ordinateur de bord, la mémoire de masse et l'antenne grand gain, antenne parabolique orientable de 1,1 mètre utilisée pour les communications vers le sol ainsi que pour l'expérience scientifique radio de cette mission. Cette antenne bi-bande est dérivée de l'antenne développée pour la mission Cassini-Huygens vers Saturne qui a connu un immense succès.
« Aujourd'hui, nous sommes très fiers de notre participation majeure au sein de ce programme », a déclaré Walter Cugno, Vice-Président du Domaine de l'Exploration and Responsable pour la Science chez Thales Alenia Space. « Pour nous, le lancement de BepiColombo représente clairement une avancée technologique et industrielle majeure permettant à Thales Alenia Space de relever les nouveaux défis des missions d'exploration de l'ESA (Exomars, Euclid, Juice, etc) et d'être plus concurrentiel au niveau mondial. Grâce à notre haut niveau d'expertise technologique, nous avons renforcé notre leadership et nous nous sommes positionnés comme partenaire mondial pour les programmes spatiaux avancés. Thales Alenia Space a apporté une contribution significative aux grandes missions internationales d'exploration spatiale et, grâce à nos capacités, il sera possible d'aller encore plus loin ».
------
http://www.air-cosmos.com/bepicolombo-en-route-vers-mercure-116371
La sonde se compose de deux orbiteurs distincts : MMO (Mercury Magnetospheric Orbiter), fournie par l’agence spatiale japonaise (Jaxa), et MPO (Mercury Planetary Orbiter), fournie par l’Agence spatiale européenne (ESA).
La première est équipée de 5 instruments scientifiques. Elle s’intéressera à la magnétosphère et au champ magnétique de Mercure. La seconde compte 11 instruments. Elle étudiera la surface et la structure interne de la planète.
Dans le cadre d'un consortium rassemblant 83 entreprises issues de 16 pays européens, Airbus Defence and Space, avec l’aide de Thales Alenia Space, s’est vu confier la construction de l’orbiteur européen MTO, du module de transfert MTM (abritant MMO et MTO) et du bouclier thermique du module d’interface Mosif.
...
Réalisée sous la maîtrise d’ouvrage du Cnes, la contribution française s’élève à six des seize expériences scientifiques embarquées, fournies par huit laboratoires liés au CNRS : IAS, IPGP, IRAP, LAM, Latmos, Lesia, LPC2E et LPP.
------
un point au 22 octobre
http://www.esa.int/Our_Activities/Operations/BepiColombo_s_beginning_ends
la fin de cet article :
"...Booster separation came just two minutes later, as the Ariane 5’s two solid rocket boosters detached themselves from the core stage; later, BepiColombo began its solo flight upon separation from the Ariane upper stage at around 4:12 CEST.
“Years of planning, and months of training and simulations led up to these fast-paced and vital moments,” recalls Elsa.
“Even after a successful liftoff and separation, we couldn’t relax. Everyone was waiting for the moment we heard BepiColombo’s first call, what we call the ‘Acquisition of Signal’.”
At 04:20 CEST, ESA’s deep space tracking station at New Norcia, Western Australia, picked up these first signals, followed by a rush of ‘telemetry’ — real-time status information and data — which was the first chance teams on the ground had to verify how the spacecraft was adapting to its new environment.
BepiColombo’s first image from space
Since then, BepiColombo has not only communicated bundles of engineering telemetry, but its Mercury Transfer Module has also sent home spectacular images from a series of three low-resolution monitoring cameras, known as the “Selfie-cams.”
These images allowed flight controllers to visually verify the correct deployment of solar arrays and antennas.
Having worked around the clock since the launch of this remarkable mission, teams at ESA’s control centre in Germany are tired, but happy.
“The launch and early orbit phase was a huge success, but now comes seven years of complex operations as BepiColombo travels nine billion km to the innermost planet of the Solar System,” explains Paolo Ferri, Head of Mission Operations at ESA.
“The first ion thruster ‘operational arc’ will begin in mid-December, steering BepiColombo on its interplanetary trajectory.”
In an 'operational arc', the spacecraft's ion thruster runs at low energies for extended periods of hours and days, as opposed to traditional, high-energy chemical thruster burns that run for just minutes or hours. The benefit of an arc is it provides the same acceleration with less fuel mass.
Paolo continues, “With the combined experience from experts in operations, flight dynamics, mission data systems and deep space ground stations, BepiColombo could not be in more reliable hands.”
"