par Laurent Simon Ven 21 Déc 2018 - 12:45
https://www.lepoint.fr/high-tech-internet/soyouz-lance-le-nouveau-satellite-espion-francais-cso-1--19-12-2018-2280836_47.php
... « La constellation CSO doit renouveler nos capacités d'observation militaire et permettre d'obtenir des images en très haute résolution », nous expliquait, lundi, dans l'avion pour Cayenne, le général Michel Friedling, à la tête du Commandement interarmées de l'espace (CIE). Cette « composante spatiale optique » (la signification du sigle CSO) est un outil jugé indispensable à la souveraineté de la France, dans l'espace comme au sol, car elle permet d'assurer « une capacité propre d'appréciation, fondement de la doctrine française », assurait encore le militaire. CSO-1 est le premier des trois CSO, mais aussi le premier d'une série de mises en orbite devant renouveler des capacités spatiales militaires variées, avec le lancement d'ici à 2022 des trois CSO, de trois satellites de surveillance électromagnétique Cérès, ainsi que de deux satellites de télécommunications ultra-sécurisés Syracuse 4A et 4 B.
Merveilles de technologie
Les satellites militaires sont largement mis à contribution par les armées, au quotidien comme lors d'opérations de grande ampleur. L'opération Hamilton, un raid français, américain et britannique contre le régime syrien en avril 2018, avait, par exemple, mobilisé les moyens spatiaux tout au long de la mission. Pour identifier les cibles, d'abord, puis pour guider les appareils, pour assurer les communications, pour guider les missiles de croisière et enfin pour évaluer l'efficacité des frappes.
« Ces satellites sont des merveilles de technologie, la vitrine de ce que la France sait faire de mieux en matière d'observation spatiale », expliquait à quelques journalistes, lundi, Jean-Yves Le Gall, président du Centre national d'études spatiales (Cnes). Ils sont aussi dotés d'une « intelligence embarquée », selon Jean-Yves Le Gall, ce qui permet d'optimiser le traitement des images.
Avec deux satellites en opposition de phase, l'objectif de CSO est non seulement d'obtenir des images plus nombreuses et de très haute qualité, mais aussi d'avoir « une revisite dans la journée », c'est-à-dire de nouvelles prises de vues du même site par un autre satellite à une heure différente, a expliqué, lors d'une conférence, mardi, au centre de contrôle Jupiter à Kourou, l'ingénieure générale de l'armement Caroline Laurent, directrice de l'innovation de la Direction générale de l'armement (DGA). Ainsi, deux satellites seront placés sur l'orbite héliosynchrone à 800 kilomètres d'altitude et en opposition de phase, alors que le troisième sera mis à poste plus bas, à 480 kilomètres, pour prendre des clichés presque deux fois plus précis de certaines zones particulièrement sensibles.
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Partenariats européens
Comme le programme Hélios II (dont les satellites ont dépassé leur durée de vie, mais sont toujours opérationnels), CSO a été ouvert aux partenaires européens. L'Allemagne, la Belgique et la Suède ont déjà signé des accords, très différents selon ce que chacun peut apporter. Pour la première, il s'agit d'un échange d'accès entre satellites militaires des deux pays, alors que la dernière a mis à disposition une antenne de réception polaire, qui permet à l'ensemble du système CSO d'être plus réactif lors de la transmission des images au sol. Un accord est sur le point d'être signé avec l'Italie, alors que des discussions sont en cours avec l'Espagne.
Le satellite CSO-1, d'une masse au décollage de 3,6 tonnes, a été construit par Airbus Defence and Space pour le compte du Cnes et de la Direction générale de l'armement (DGA). Thales Alenia Space a fourni l'instrument optique, au cœur du satellite, tandis que Sodern, filiale d'ArianeGroup, a fourni le « viseur d'étoiles » permettant sa bonne orientation. Chaque satellite CSO coûte quelques centaines de millions d'euros, et l'ensemble CSO devrait coûter, lancements compris, 1,4 milliard d'euros."