Les Echos : Air France et ses pilotes s'entendent pour relancer Transavia France
Le projet d'accord élaboré avec le SNPL, principal syndicat des pilotes, va être soumis au vote. La direction d'Air France anticipe un résultat positif.
Une semaine après avoir repris les négociations en toute discrétion, la direction d'Air France et le principal syndicat de pilotes SNPL sont parvenus à s'entendre sur l'avenir de Transavia France, qui a valu à la compagnie la plus longue grève de son histoire récente. « Un projet d'accord est sur la table », annonce le SNPL dans un communiqué publié hier. Il consacre le retrait définitif du projet Transavia Europe, mais autorise Air France à poursuivre le développement de sa filiale low cost en France, au-delà de la limite actuelle de 14 appareils, en conservant des conditions de travail différentes pour les pilotes d'Air France et ceux de Transavia. A l'avenir, tous les pilotes de Transavia France auront ainsi deux contrats : un Air France et un Transavia. La revendication d'un contrat unique aux conditions d'Air France, à l'origine de la grève, est donc abandonnée.
Ce projet d'accord, qui mettra un point final à un conflit ruineux, doit encore être validé ce vendredi par les représentants du SNPL Air France. « L'ensemble des pilotes d'Air France sera consulté sur le texte dans les prochaines semaines », indique également le communiqué. Le résultat de ce référendum sera connu mi-novembre. Mais, après l'échec des quinze jours de grève, le risque d'une reprise du mouvement semble improbable.
Prime de transfert
« Cette solution équilibrée permettra le développement rapide de Transavia France et une plus forte création de valeur au bénéfice de ses clients et de ses personnels », se félicite la compagnie, anticipant ainsi un résultat positif du référendum. Les pilotes d'Air France volontaires pour aller travailler chez Transavia France opéreront aux conditions d'utilisation et de rémunération actuelles de la low cost, comme le voulait la direction d'Air France. Avec toutefois l'assurance de conserver leur contrat maison et de recevoir une prime de transfert de 35.000 euros. Une « liste de séniorité commune » permettra aussi aux pilotes de poursuivre leur carrière chez Transavia, en bénéficiant éventuellement d'un avancement. Les pilotes « historiques » de Transavia France, qui craignaient d'être les dindons de la farce, y seront intégrés.
Les syndicats représentatifs de pilotes d'Air France, à savoir le SNPL et le SPAF, conserveront la « maîtrise » de l'évolution du contrat Transavia. Le SNPL a aussi obtenu la réaffirmation de la règle réservant aux pilotes sous contrat Air France les appareils de plus de 110 sièges, Transavia France devant rester une exception. Par ailleurs, le développement de la compagnie low cost sera limité à 40 appareils, un nouvel accord étant nécessaire pour aller au-delà. Elle s'interdit également de faire du long-courrier, des vols au départ de Roissy-CDG, ainsi que des lignes intérieures, au départ de Paris, ceci afin de protéger Air France et Hop !. Toutefois une vingtaine de destinations d'Air France listées dans l'accord pourraient être desservies par Transavia au départ d'Orly.
Au final, ce projet est très proche de l'accord temporaire conclu l'hiver dernier pour permettre à Transavia de passer la pointe de l'été. Les quinze jours de grève ne semblent pas avoir permis de gain substantiel. Ce qui renforce encore le sentiment d'un gros gâchis, au regard de l'impact de la grève, estimé à 500 millions d'euros.