VV a écrit: massemini a écrit:
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La démonstration ETOPS était bien avancée en 87, mais Airbus va adopter deux attitudes contradictoires:
- L'une va consister, dans l'urgence, à augmenter la quantité de carburant sur le 310 au moyen de plusieurs réservoirs supplémentaires, pour essayer de combler le manque de souplesse d' emploi par rapport au 767 qui devient un véritable long courrier au fil des livraisons. Airbus voit donc l' avantage du 767 puisqu' il réagit pour essayer d' enrayer sa progression. S'il n' y a pas cru un jour, Airbus sait que la FAA a autorisé les vols ETOPS....
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N'est-ce pas toute l'histoire du "duel" A340-600/500 vs 777-300ER/-200LR qui se résume à la différence de choix de configuration avion pour ce segment de marché ?
Le premier vol ETOPS a été effectué en 1985 entre Boston et Paris sur un 767. Il semble qu'il était évident que ce type d'opération allait s'étendre.
Quand on voit les courbes dans le post de mon blog cité au dessus, on se demande
comment on peut ne pas voir la tendance de domination de bimoteurs sur le long courrier. Il semble normal de déduire que le développement de l'A340-600/500 était
un choix délibéré pour avoir un quadrimoteur et en dépit des indications des données du marché, qui montraient bien le changement dans l'industrie vers bimoteurs long courrier.
La conviction suivante d'A a joué, mais je ne sais pas à quel degré :
Les ingénieurs de A étaient convaincus que le quadriréacteur était plus optimal pour le très long courrier. La conso des A340-200 -300 pouvait aller dans ce sens, mais :
1. les coûts de maintenance de 4 réacteurs sont évidemment plus élevés que pour 2
2. la fameuse question de la vitesse insuffisante (Mach 0.82 ou 0.83) pénalisait les A340 en approche finale, puisque les contrôleurs aériens donnaient la priorité aux avions plus rapides... ce qui créait une surconsommation (et un temps d'attente) au dessus des aéroports...
L'hypothèse d'une "conviction de groupe", qui se serait créée chez eux pour ne pas remettre en question la pertinence du double lancement 330 - 340, n'est pas non plus exclue. C'est une conséquence d'un fonctionnement psychologique (personnel) et sociologique (en groupe) de la "théorie de l'engagement" : si je me suis engagé dans une direction, j'ai tendance à rester dans cette direction, même si des éléments devraient m'inciter à remettre en question cet engagement, si j'étais un être "purement rationnel", ce que l'être humain n'est pas ... ;-)
Au passage, même si cela n'est qu'indirectement lié (je ne dis pas que la décision de A était absurde, car je n'ai pas suffisamment d'éléments à ce jour), je signale l'excellent livre :
"Les décisions absurdes: Sociologie des erreurs radicales et persistantes " de Christian Morel
livre dont je viens de constater à l'instant qu'il a une suite : "comment les éviter" !
Je vais l'acheter, assurément !
La définition d'une "décision absurde" est excellente, dans ce livre, et l'approche extrêmement bien construite, très 'scientifique'.