22 ème épisode :
John Ripley méditait, une tasse de café bien chaud entre les mains, les épaules recouvertes d’une serviette de plage bariolée, le regard dans le vague. Il se tâta les côtes qui le faisaient souffrir à chaque inspiration. « Comment un équipage pouvait-il avoir si peu de compétences pour les avoir entrainé dans ce désastre ? »
Un passager s’assit à côté de lui. De forte corpulence il tamponnait une blessure au front qui saignotait encore un peu.
- Vous avez choisi ce vol sur un coup de tête ?… plaisanta John Ripley en pointant du doigt sa blessure.
- Vu les circonstances, je m’en sors plutôt bien, répondit l’homme avec un sourire. Nous nous en sortons tous bien.
Une dame qui avait suivi l’échange approuva :
- Tout le monde a pu sortir de l’avion, nous avons eu beaucoup de chance.
Levant sa tasse, John Ripley capta son attention:
- Le destin qui nous avait mis en de si mauvaises mains ne pouvait …
Il fut interrompu par le carillon d’une clochette qu’un employé de l’hôtel agitait du poignet. le silence s’établit très vite alors que par petits groupes les rescapés s’approchaient.
- Mesdames et messieurs, les gendarmes ont une communication à vous faire.
Un officier leur expliqua la situation. Tous les passagers étaient à présent regroupés à l’hôtel, exemptés ceux qui avaient été conduits à l’hôpital de Port-Vila.
Malheureusement, nous ne pouvons pas donner de nouvelles des pilotes qui sont restés bloqués dans leur cockpit. Des secouristes essaient à cette heure de leur venir en aide.
- L’avion flotte encore ?… s’écria d’un ton incrédule un passager.
- Non, nous savons qu’il a coulé. Des plongeurs ont pu leur faire passer des bouteilles d’air comprimé. C’est tout ce que nous savons … Je laisse la parole au représentant de la compagnie.
Le chef d’escale, chemisette bleu clair que la pluie collait à sa peau sur un pantalon tout aussi humide croisa les regards de la vingtaine de personnes qui l’encerclaient.
- Mesdames et messieurs, je vous présente, au nom du président et des personnels de la compagnie toutes nos excuses et tous nos regrets pour l’accident qui vient d’avoir lieu.
Fort heureusement il n’y a aucun blessé grave. Les nouvelles que je viens d’avoir du médecin-chef de l’hôpital sont rassurantes. Vos compagnons de voyage hospitalisés ne souffrent, pour les plus graves, que de fractures aux membres supérieurs …
Il s’interrompit car un passager venait de lever la main.
- Que de fractures ?… Vous trouvez qu’ils ne souffrent que de fractures ?…John Ripley avait pris un ton ironique pour donner à l’expression une note désinvolte.
- Monsieur, si l’on considère les circonstances, cela aurait pu être beaucoup plus grave et ne déformez pas mon propos. Je compatis aux souffrances des passagers blessés, mais nous avons crains le pire …
- Vous avez craint le pire ? rugit John Ripley. Dans votre bureau ? Bien à l’abri ?
D’un geste théâtral John Ripley balaya du bras les personnes qui l’entouraient :
- Mais c’est nous qui avons craint le pire. Et c’est vous, votre compagnie, vos pilotes qui nous avez fait vivre le pire !…
Le chef d’escale ouvrit la bouche pour répondre, les deux mains projetés en avance dans un geste de défense, mais John Ripley ne lui en laissa pas le temps.
- Nous avons pris des billets pour aller de Hionara à Espiritu Santo puis à Port Vila. John Ripley marqua une courte pause puis articula avec emphase : pour l’aéroport de Port Vila ! Pas pour finir amochés au fond du lagon !…
Un murmure parcourut le groupe des passagers, vite dominé par le chef d’escale :
- C’est un accident. Personne ne peut, à cette heure, établir des responsabilités. Nous assumerons les nôtres. Tous les passagers seront ré-acheminés vers les destinations de leurs choix, tous les frais seront à notre charge, bien entendu. Dans l’immédiat nous sommes en train de réquisitionner des chambres … peut-être d’ailleurs qu’il y en aura ici suffisamment, sinon dans les hôtels voisins.
John Ripley voulait profiter de son avantage :
- J’espère que vous n’imaginez pas qu’une nuit d’hôtel compensera les blessures, les dégâts, la perte de nos effets personnels et surtout le risque insensé que vous nous avez fait prendre !
Le chef d’escale fut provisoirement sauvé par l’arrivée de l’hôtesse Amélie. qui se dirigea vers lui. Ils eurent un court échange et le chef d’escale leva la main pour demander le silence.
- Notre hôtesse vient de nous apporter les dernières nouvelles des pilotes qui sont toujours bloqués dans le cockpit. Les secouristes ont pu leur faire parvenir deux bouteilles d’air comprimés supplémentaires. C’est tout ce que nous savons.
Pleinement conscient d’avoir pris le leadership des passagers, John Ripley ignora le chef d’escale et s’adressa à ses compagnons d’infortune :
- Je vous propose de nous réunir dès demain matin. J’aurais pris contact avec des avocats. Demain, ici, vers onze heures …
Le chef d’escale qui venait d’avoir un bref échange avec une réceptionniste coupa John Ripley :
- S’il vous plait ! … Les chambres sont disponibles. Vous pouvez vous diriger vers la réception. Du personnel de la compagnie reste là à votre disposition, n’hésitez pas à faire appel à eux pour tout problème que vous rencontreriez. Toutes les communications téléphoniques, tous les menus frais sont bien entendu à notre charge … Encore désolé pour cette mésaventure.
… …
A quelques encablures de l’hôtel, deux plongeurs descendaient dans l’eau noire de l’Erakor lagoon, le halo de leurs lampes-torches trouant avec peine l'obscurité trouble qui avait enseveli le Fairchild où survivaient, peut-être encore, les deux pilotes.
John Ripley méditait, une tasse de café bien chaud entre les mains, les épaules recouvertes d’une serviette de plage bariolée, le regard dans le vague. Il se tâta les côtes qui le faisaient souffrir à chaque inspiration. « Comment un équipage pouvait-il avoir si peu de compétences pour les avoir entrainé dans ce désastre ? »
Un passager s’assit à côté de lui. De forte corpulence il tamponnait une blessure au front qui saignotait encore un peu.
- Vous avez choisi ce vol sur un coup de tête ?… plaisanta John Ripley en pointant du doigt sa blessure.
- Vu les circonstances, je m’en sors plutôt bien, répondit l’homme avec un sourire. Nous nous en sortons tous bien.
Une dame qui avait suivi l’échange approuva :
- Tout le monde a pu sortir de l’avion, nous avons eu beaucoup de chance.
Levant sa tasse, John Ripley capta son attention:
- Le destin qui nous avait mis en de si mauvaises mains ne pouvait …
Il fut interrompu par le carillon d’une clochette qu’un employé de l’hôtel agitait du poignet. le silence s’établit très vite alors que par petits groupes les rescapés s’approchaient.
- Mesdames et messieurs, les gendarmes ont une communication à vous faire.
Un officier leur expliqua la situation. Tous les passagers étaient à présent regroupés à l’hôtel, exemptés ceux qui avaient été conduits à l’hôpital de Port-Vila.
Malheureusement, nous ne pouvons pas donner de nouvelles des pilotes qui sont restés bloqués dans leur cockpit. Des secouristes essaient à cette heure de leur venir en aide.
- L’avion flotte encore ?… s’écria d’un ton incrédule un passager.
- Non, nous savons qu’il a coulé. Des plongeurs ont pu leur faire passer des bouteilles d’air comprimé. C’est tout ce que nous savons … Je laisse la parole au représentant de la compagnie.
Le chef d’escale, chemisette bleu clair que la pluie collait à sa peau sur un pantalon tout aussi humide croisa les regards de la vingtaine de personnes qui l’encerclaient.
- Mesdames et messieurs, je vous présente, au nom du président et des personnels de la compagnie toutes nos excuses et tous nos regrets pour l’accident qui vient d’avoir lieu.
Fort heureusement il n’y a aucun blessé grave. Les nouvelles que je viens d’avoir du médecin-chef de l’hôpital sont rassurantes. Vos compagnons de voyage hospitalisés ne souffrent, pour les plus graves, que de fractures aux membres supérieurs …
Il s’interrompit car un passager venait de lever la main.
- Que de fractures ?… Vous trouvez qu’ils ne souffrent que de fractures ?…John Ripley avait pris un ton ironique pour donner à l’expression une note désinvolte.
- Monsieur, si l’on considère les circonstances, cela aurait pu être beaucoup plus grave et ne déformez pas mon propos. Je compatis aux souffrances des passagers blessés, mais nous avons crains le pire …
- Vous avez craint le pire ? rugit John Ripley. Dans votre bureau ? Bien à l’abri ?
D’un geste théâtral John Ripley balaya du bras les personnes qui l’entouraient :
- Mais c’est nous qui avons craint le pire. Et c’est vous, votre compagnie, vos pilotes qui nous avez fait vivre le pire !…
Le chef d’escale ouvrit la bouche pour répondre, les deux mains projetés en avance dans un geste de défense, mais John Ripley ne lui en laissa pas le temps.
- Nous avons pris des billets pour aller de Hionara à Espiritu Santo puis à Port Vila. John Ripley marqua une courte pause puis articula avec emphase : pour l’aéroport de Port Vila ! Pas pour finir amochés au fond du lagon !…
Un murmure parcourut le groupe des passagers, vite dominé par le chef d’escale :
- C’est un accident. Personne ne peut, à cette heure, établir des responsabilités. Nous assumerons les nôtres. Tous les passagers seront ré-acheminés vers les destinations de leurs choix, tous les frais seront à notre charge, bien entendu. Dans l’immédiat nous sommes en train de réquisitionner des chambres … peut-être d’ailleurs qu’il y en aura ici suffisamment, sinon dans les hôtels voisins.
John Ripley voulait profiter de son avantage :
- J’espère que vous n’imaginez pas qu’une nuit d’hôtel compensera les blessures, les dégâts, la perte de nos effets personnels et surtout le risque insensé que vous nous avez fait prendre !
Le chef d’escale fut provisoirement sauvé par l’arrivée de l’hôtesse Amélie. qui se dirigea vers lui. Ils eurent un court échange et le chef d’escale leva la main pour demander le silence.
- Notre hôtesse vient de nous apporter les dernières nouvelles des pilotes qui sont toujours bloqués dans le cockpit. Les secouristes ont pu leur faire parvenir deux bouteilles d’air comprimés supplémentaires. C’est tout ce que nous savons.
Pleinement conscient d’avoir pris le leadership des passagers, John Ripley ignora le chef d’escale et s’adressa à ses compagnons d’infortune :
- Je vous propose de nous réunir dès demain matin. J’aurais pris contact avec des avocats. Demain, ici, vers onze heures …
Le chef d’escale qui venait d’avoir un bref échange avec une réceptionniste coupa John Ripley :
- S’il vous plait ! … Les chambres sont disponibles. Vous pouvez vous diriger vers la réception. Du personnel de la compagnie reste là à votre disposition, n’hésitez pas à faire appel à eux pour tout problème que vous rencontreriez. Toutes les communications téléphoniques, tous les menus frais sont bien entendu à notre charge … Encore désolé pour cette mésaventure.
… …
A quelques encablures de l’hôtel, deux plongeurs descendaient dans l’eau noire de l’Erakor lagoon, le halo de leurs lampes-torches trouant avec peine l'obscurité trouble qui avait enseveli le Fairchild où survivaient, peut-être encore, les deux pilotes.