Si ça marchait si bien, on décalerait pas les nouveaux avions à livrer.
Si ça marchait bien on aurait pas plus de 50% de lignes LC déficitaires.
Je n'ai aucune confiance dans la stratégie de la gestion progressive des sur-effectifs. C'est la pratique courante pour ne rien faire, attendre un nouveau revirement de direction, et tout abandonner dès la prochaine grève exigeant le maintient des postes au nom de la sécurité des passagers! Vaste enfumade.
Par exemple, j'aimerais voir le plan de "déflation progressif" des effectifs à la Base de Marseille! Galéjade! deux ou trois barrages au rond point de Marignane, une ou deux chemises arrachées (puisque ça fait partie du process officiel de négociation) et fermez le ban. Une chance s'ils ne sont pas obligés d'embaucher en plus pour mettre fin à la grève!
Enfin, taper sur l'Etat après tout ce que ce même état a fait pour privilégier cette compagnie, ce qui lui a permis de mener assez grand train, est assez gonflé. Les paramètres ont changé et il faut le prendre en compte.
Et franchement, on a collectivement bien plus intérêt à vendre des tonnes d'Airbus dans le golfe dont quelques unes d'A380 à Emirates quitte à ouvrir un peu plus notre ciel à la concurrence des compagnies du Golfe, aussi déloyales soient elles, et quitte à égratigner quelque peu la position très privilégiée de AF. L'intérêt national me semble supplanter l'intérêt corporatiste, voire même l'intérêt particulier des salariés d'Air France et celui très particulier des navigants d'Air France.
Vu qu'actuellement, avec cette propension à prendre le monde en otage essentiellement pour des questions de statuts particuliers, on ne peut pas dire que le personnel AF et surtout les navigants, se préoccupent des masses de l'intérêt national et collectif....
Qui du coup le lui rend bien.
Rien n'est gratuit et no one is innocent.
J'imagine que comme nous tous, vous devez pensez que c'était pas con de fermer nos mines de charbon dans les 80's. C'était dommage pour les gens qui y travaillaient, beaucoup se sont retrouvés sur le carreau (c'est le cas de le dire), mais il fallait le faire car le monde avait changé.
Pour les salariés d'AF, c'est un peu pareil, mais en infiniment moins dur. Au moins leur métier n'est pas mort, mais il va falloir qu'ils prennent la mesure des changements à opérer, de manière continue. Chaque année s'adapter, évoluer. C'est chiant mais c'est comme ça. C'est ce que vivent les entreprises normales. On fait un PERFORM tous les ans chez nous, même si ça veut pas forcément dire réduire la voilure, bien au contraire, mais se remettre en question, ne rien tenir pour acquis. Bienvenue sur le plancher des vaches. Il y a des compagnies (et surtout leurs salariés) qui ont des atterrissages plus douloureux.
Le seul gars qui peut légitimement lutter contre cet état de fait, c'est LE mec qui n'a pas de portable, une vieille deuch bien entretenue, un vieux poste Télé, une radio, qui mange local et bio en circuit court, qui achète chez des petits commerçants, qui n'a pas internet, voyage peu, visite ses voisins, prend des petites douches tiédassent, met un pull en hivers dans sa maison pour ne pas trop chauffer etc....
LUI il peut refuser l'évolution du monde tel qu'il se construit.
Pour le reste des habitants de ce pays, et moi le premier, qui plongeons allègrement dans les délices réels ou virtuels de la mondialisation, en refuser les conséquences et les impacts sur notre tranquillité et notre petit environnement de travail me parait assez vain et inconséquent. Et surtout voué à l'échec. Et donc à la faillite....
C'était la pause philo-politico-economico sur avia au comptoir du bar des pilotes (que je ne suis pas!), je vous remercie de votre attention et vous souhaite un agréable vol !