par Laurent Simon Dim 16 Oct 2016 - 21:09
De nombreuses infos supplémentaires, avec une autre vidéo, dans un article datant du lancement (russe) de la mission :
L’Europe repart à l’assaut de Mars
http://www.lemonde.fr/cosmos/article/2016/03/07/mars-l-europe-se-remet-en-orbite_4878024_1650695.html
La mission ExoMars a débuté lundi. Son objectif est double : prouver que les Européens peuvent se poser sur la Planète rouge et percer des mystères de l’apparition de la vie.
LeVieux Continent repart à l’assaut de la Planète rouge. Lundi 14 mars à 10 h 33 (heure de Paris), a décollé de la base de Baïkonour, au Kazakhstan, une fusée russe avec à son bord la sonde TGO (pour Trace Gas Orbiter) et un module d’atterrissage nommé Schiaparelli. Ce dernier devrait se poser sur la surface de Mars le 19 octobre pour deux à quatre jours d’expériences sur le sol sableux de Meridiani Planum, une région de l’hémisphère Sud déjà explorée en 2004 par le rover Opportunity de la NASA. Le conditionnel est de rigueur car la mission, baptisée ExoMars 2016, est à haut risque. La confirmation de la séparation de la sonde, du déploiement de ses panneaux solaires et de la bonne trajectoire de la mission ne sera disponible qu’une douzaine d’heures après le lancement.
... Schiaparelli bénéficiera donc des leçons de son prédécesseur, en étant, par exemple, doté de capteurs qui permettront de suivre sa descente en chute libre, ce que n’avait pas Beagle 2. Les contrôles et les essais ont également été multipliés et renforcés.
Ensuite, une incertitude concernait le lanceur, une fusée russe Proton. Depuis 2012, elle a enregistré quatre échecs, dont une explosion du premier étage en juillet 2013. Les autres concernaient des avaries au dernier étage, évidemment crucial puisque c’est celui qui contient TGO et Schiaparelli…
« Chaque lancement est un exploit. Il n’y a jamais de routine », rappelle Jean-Jacques Dordain. « Nous ne l’avons pas choisi, mais il y a de fortes chances que nous arrivions pendant la saison des tempêtes martiennes », ajoute Jorge Vago. « A cause de la très faible pression, 100 km/h de vent sur Mars ont les effets de vents terrestres de 1 km/h seulement », précise-t-il pour relativiser la mise en scène catastrophiste du film Seul sur Mars, de Ridley Scott, où des vents manquent de renverser une fusée destinée au retour sur Terre. Malgré tout, les grains de poussière microscopiques qui frapperont les boucliers de l’atterrisseur suffiront à compliquer la descente.
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Enfin, cela fait près de quinze ans que les promoteurs d’ExoMars se rongent les ongles. Car la mission a bien failli ne jamais voir le jour. « On s’est bagarrés pour l’avoir », témoigne Jean-Pierre Bibring, professeur à l’université Paris-Sud et responsable d’un des instruments de la mission.
Commencée comme un projet de l’ESA seule, elle était conçue au départ comme un démonstrateur technologique censé prouver que l’Europe pouvait se poser sur Mars. Un lanceur Soyouz, porteur de faibles charges, devait suffire.
Puis les scientifiques ont voulu ajouter des instruments au prototype ; le module s’est alourdi. Une fusée plus puissante, Ariane 5, devenait nécessaire et… trop chère. Les Européens toquent donc à la porte des Américains, qui acceptent, mais en scindant la mission en deux : un premier vol pour placer en orbite une sonde qui pourrait faire des mesures et servir de relais radio avec la Terre.
Un second pour poser sur Mars un rover complet grâce au savoir-faire de la NASA. Report donc du lancement de 2009 à 2011, puis 2013, et finalement 2016.
Mais en 2011, l’agence américaine jette l’éponge pour des questions de budget et abandonne l’Europe… qui sollicite la Russie. Le principe de la double mission reste, mais les lanceurs seront russes ainsi que l’atterrisseur. Or la Russie, qui a à son actif bien des premières spatiales, n’est jamais parvenue à se poser correctement sur Mars.
... Le succès d’ExoMars 2016 paraît indispensable à ExoMars 2018
Pour en finir avec la course d’obstacles, la deuxième moitié de la mission, ExoMars 2018, n’est pas encore totalement financée, le coût pour l’Europe étant de 1,3 milliard d’euros. Une réunion dite interministérielle de l’ESA doit se tenir avant la fin de l’année notamment pour régler cette question. Le succès d’ExoMars 2016 paraît indispensable à ExoMars 2018. Il n’est pas sûr non plus que le délai de 2018 soit tenu, ce qui reporterait le lancement du rover de deux ans supplémentaires, le temps que la Terre et Mars retrouvent une configuration orbitale favorable. Cette mésaventure vient d’arriver à la mission Insight : prévue cette année, elle a été reportée à cause d’un problème technique sur un des instruments de sismologie.
A quoi bon tant insister pour aller sur et autour de Mars ? « Cette planète est une cousine de la Terre, elle permet donc de mieux comprendre notre histoire », explique François Forget, directeur de recherche au CNRS, au Laboratoire de météorologie dynamique. « C’est comme une image arrêtée de l’évolution », ajoute Cathy Quantin-Nataf, géologue à l’université Lyon-I. Le premier milliard d’années de ces deux planètes, âgées d’environ 4,5 milliards d’années, a été celui pendant lequel la vie est apparue sur Terre. Qu’en a-t-il été sur Mars ? Pourquoi les destins de ces cousines ont-ils divergé ?
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De nombreuses infos très intéressantes, au niveau scientifique
sur l'intérêt de cette mission, et de la suivante (ExoMars 2018 ou 2020),
dans la suite de l'article.