Les incroyables mésaventures de la fusée Ares 1-X
L'avenir du vol spatial habité américain se jouera bientôt au Centre spatial Kennedy, en Floride. La Nasa va procéder au premier vol d'essai de son nouveau lanceur Ares I-X, destiné à propulser le vaisseau Orion. Cette capsule devrait remplacer les navettes spatiales, avec un léger retard : les "shuttles" seront retirées du service deux à quatre ans avant l'entrée en service d'Orion, prévue en 2015. D'abord programmé mardi 27 octobre, le tir devrait avoir lieu mercredi 28 octobre.
De multiples mésaventures
Peu après 12 heures (heure de Paris), les bras métalliques qui stabilisent la fusée sur son pas de tir sont retirés, en vue du tir, et tout se déroule comme prévu. Mais la Nasa annonce plusieurs reports successifs. À 14 h 15, l'équipe entame les dernières procédures, notamment pour retirer les protections sur le lanceur. Le feu vert définitif du service météo est donné à 14 h 16, pour trente minutes. À 14 h 20, Nasa TV montre que l'une des protections installées sur le sommet du lanceur n'a pas été retirée comme prévu : elle semble accrochée sur les instruments fixés à cet endroit. Le compte à rebours final (4 minutes) n'avait pas encore été lancé. À 14 h 25, la protection est retirée avec succès, le tir ayant été repoussé à 14 h 44. Des applaudissements résonnent dans le centre spatial : cette mésaventure aurait pu très mal se terminer.
À 14 h 34, une nouvelle arrive : un cargo est entré dans la zone de danger autour du centre spatial, bloquant le lancement. Il est trop près du centre spatial et pourrait subir des dégâts si le lancement se passait mal. "No go !" (pas de lancement) déclare immédiatement un responsable de la Nasa. Une première estimation effraie les membres de l'équipe : il faudrait 90 minutes au navire pour quitter la zone dangereuse. À 14 h 43, à la radio, les voix s'échauffent, réclamant une résolution plus rapide du problème. Le lancement est "replanifié" à 14 h 45, mais le compte à rebours est remis à zéro avant achèvement, un voyant rouge ayant été envoyé par le service météo. Un nouveau décompte est prévu.
À 15 h 05, un responsable de la Nasa confie sur Nasa TV qu'il espère un lancement "dans l'heure". À 15 h 09, Nasa TV annonce un lancement reprogrammé à 15 h 54. À 15 h 50, Nasa TV annonce un lancement une nouvelle fois reprogrammé à 16 h 04, en raison du vent et des nuages. À 15 h 57, la responsable météo déçoit le reste de l'équipe en annonçant un feu rouge météo, sauf évolution de la situation dans les prochaines minutes. Le tir est décalé à 16 h 14. À 16 h 08, le service météo annonce un feu vert pour le vent, mais reste réservé pour d'autres paramètres. Lancement décalé à 16 h 19. Finalement, à 16 h 19, l'équipe, dépitée, décide d'arrêter les essais de lancement pour la journée.
60 % de chances pour une météo favorable mercredi
Le lancement est reporté à mercredi 28 octobre et bénéficie ainsi de prévisions météo plus optimistes (60 % de chances pour des conditions favorables). Si le tir devait être à nouveau reporté, la Nasa devrait attendre novembre pour éviter tout conflit avec le lancement d'Atlantis.
Le tir doit avoir lieu depuis le pas de tir 39B du Centre spatial Kennedy, près de cap Canaveral. Le pas de tir 39A est actuellement occupé par la navette spatiale Atlantis, qui doit décoller le 16 novembre vers l'ISS et qui regardera décoller son successeur Ares I-X. Tout un symbole. Interrogée sur Twitter par un internaute inquiet, la Nasa a expliqué qu'il y a un risque "très faible" pour la navette en cas de mauvais déroulement du lancement d'Ares I-X. Durant le vol d'essai, seul le premier étage de la fusée sera testé, puis récupéré, le deuxième étage et la charge utile n'étant que des répliques. Il s'agit pour l'agence spatiale américaine de s'assurer de la fiabilité de la première phase du vol (2 min 30), grâce à plus de 700 capteurs répartis sur les 99,6 mètres du lanceur. Quatre tests auront lieu d'ici 2012.
Ce vol expérimental est vital pour la Nasa : non seulement elle teste son nouveau lanceur, réalisé avec Boeing et Pratt & Whitney notamment, mais elle défend aussi son programme de vol habité. Une commission d'experts réunie à la demande du président Barack Obama doit statuer sur l'avenir du programme Constellation, créé par George W. Bush en 2004, et dont les financements se sont révélés insuffisants. L'objectif du programme est de renvoyer des Américains sur la Lune en 2020 et d'aller plus tard sur Mars. La commission, par la voix de son président Norman Augustine (ancien président de Lockheed Martin), a récemment estimé qu'Ares 1 ne serait pas assez puissant pour remplir son rôle dans le programme.
http://www.lepoint.fr/actualites-technologie-internet/2009-10-27/espace-nasa-les-incroyables-mesaventures-de-la-fusee-ares-1-x/1387/0/389323