... La Commission européenne avait donné son feu vert à la reprise des tirs en janvier 2015, après avoir gelé le programme pendant sept mois. Pas question donc de rater ce rendez-vous. «Galileo est relancé grâce au succès de la dernière mission d'Arianespace.
Mais aussi grâce aux travaux de l'Agence spatiale européenne et du CNES à Toulouse, qui ont réussi à replacer les deux premiers satellites sur une bonne orbite. Ils pourront participer au service Galileo.
Il faut aussi noter qu'OHB, le constructeur des satellites, tient ses cadences de production.
Et que nous avons mené un travail exemplaire avec l'agence et l'industrie russe sur le système de lancement Soyouz», explique Stéphane Israël, PDG d'Arianespace, leader mondial des services spatiaux et opérateur de Soyouz en Guyane.
Retards et surcoûts
Deux autres missions Galileo sont prévues en septembre et en décembre 2015, a priori, à bord de fusées Soyouz. Les travaux de qualification des satellites Galileo à l'environnement d'Ariane ne sont pas encore achevés.
«Afin de déployer Galileo, nous avons besoin de Soyouz, qui n'a pas démérité, avec trois tirs réussis sur quatre, et d'Ariane 5 ES. Il faut en effet qualifier rapidement Ariane 5 ES afin de nous donner tous les atouts pour poursuivre le déploiement de Galileo de façon sûre, fiable et rapide, avec deux lanceurs parfaitement complémentaires depuis le port spatial de l'Europe», estime Stéphane Israël.
Si le calendrier est tenu, les premiers services (géolocalisation dans la voiture et sur les smartphones par exemple) seront proposés mi-2016.
En 2018, la constellation devrait compter 26 satellites opérationnels. Et l'Europe se sera enfin affranchie du GPS américain… vingt ans après le premier forum organisé à Bruxelles sur un futur système de navigation par satellite 100 % européen !
Le programme a été lancé en 2001 dans la perspective d'une entrée en service en 2008. Mais il a accumulé retards et surcoûts.
À fin 2020, le projet aura consommé 13 milliards d'euros de fonds publics, selon les calculs de Bruxelles. Coûteux, mais pas plus au final que le GPS, Galileo est stratégique pour l'Europe qui, à l'instar de la Russie (Glonass) et de la Chine (Beidou), doit être indépendante en la matière.
Galileo promet un service plus précis et plus fiable que le GPS tout en étant disponible en continu. Plus question de ne pas accéder à certains points de la planète en raison de problèmes de brouillage techniques ou politiques.
Galileo intéresse les citoyens, des pans entiers de l'industrie, des organismes publics et les militaires. «Le business model est aujourd'hui validé. La Commission met à disposition le signal. Les opérateurs commercialisent des terminaux et des services», explique Jean-Yves Le Gall.
Comme le GPS, Galileo devra monter en puissance et démontrer ses qualités. Selon certaines études, il pourrait générer 90 milliards de revenus et créer de 15.000 à 20.000 emplois directs en Europe.