par eolien Mer 2 Juil 2014 - 9:45
Bonjour,
Lu dans les Echos :
L'avenir du réseau européen d'Air France passe par des choix délicats
Bruno Trévidic :
Un rapport préconise de regrouper les vols d'Air France non liés à la desserte de Roissy-CDG avec ceux de la filiale régionale Hop ! D'importants gains de productivité restent nécessaires.
Chez Air France, un chantier peut en cacher un autre. Alors que le groupe met la dernière touche au nouveau plan stratégique qui prendra la suite du plan Transform en 2015, un rapport d'experts sur l'avenir du réseau court et moyen-courrier préconise une profonde clarification des rôles entre Air France, sa filiale low cost Transavia et la jeune filiale Hop !
Remis lundi au PDG d'Air France, Frédéric Gagey, par Lionel Guérin, le PDG de Hop !, ce rapport de 80 pages propose notamment « une coopération renforcée » entre Hop ! et l'activité dite point-à-point d'Air France, à savoir tous les vols inté-rieurs et intra-européens, à l'exception de ceux alimentant le hub de Roissy-CDG. Le tout pourrait être réuni sous une même marque et un même management. Le rapport recommande également d'accélérer le développement de Transavia sur les lignes européennes au départ d'Orly, Nantes, Lyon et Toulouse. Ainsi que la création de nouvelles bases européennes hors de l'Hexagone, en coopération avec Transavia Holland.
Les auteurs du rapport sont partis d'un constat sans appel : quand les compagnies à bas coûts affichent une croissance à deux chiffres et pour certaines, des bénéfices record, l'activité point-à point du groupe Air France stagne et enregistre des pertes récurrentes. Encore 200 millions, l'an dernier, pour un chiffre d'affaires de 2,5 milliards d'euros. Afin de s'en sortir, le groupe doit non seulement continuer à réduire ses coûts, mais encore adapter son organisation aux besoin du marché, divisé en deux segments.
Le premier regroupe la clientèle qui voyage pour ses loisirs ou pour raisons familiales. Celle-ci recherche avant tout un prix. C'est le marché dévolu à Transavia, seule entité du groupe offrant des coûts proches de ceux d'easyJet. Mais elle doit se développer plus vite, avant que la part de marché des low cost en France - de l'ordre de 30 % - n'atteigne les 40 % à 50 % des marchés allemand et espagnol. Cela nécessite de faire sauter définitivement la limite de 14 appareils - fixée à sa création en 2007 par un accord avec le syndicat de pilotes d'Air France - et de lui transférer des créneaux d'Air France à Orly.
Le second segment de marché regroupe la clientèle d'affaires et une autre partie des voyageurs pour motifs personnels. Moins sensibles au prix, ils sont avant tout demandeurs de fréquences et d'efficacité. Ce marché est aujourd'hui ciblé à la fois par Air France et par Hop !, sans répartition des rôles très claire, hormis la taille des avions, limitée à 100 sièges chez Hop !
Davantage de réactivité aux évolutions du marché
Si cette filiale réalise une partie de ses vols pour le compte d'Air France et si les deux compagnies ont une même grille tarifaire pour la clientèle d'affaires, leurs politiques commerciales divergent pour la clientèle affinitaire. Or cette dernière offre des perspectives de croissance, contrairement au marché d'affaires en France.
Une première clarification est intervenue en 2013 avec le regroupement de BritAir, Regional et Airlinair au sein de Hop !. Selon Lionel Guérin, elle devrait permettre au réseau régional de revenir à l'équilibre dès cette année. D'où l'idée de poursuivre le processus, en regroupant le réseau point-à-point d'Air France à celui de Hop ! « Nous serions plus réactifs aux évolutions du marché et plus flexibles », plaide Lionel Guérin. Reste à savoir quelle forme prendrait ce regroupement. Une absorption pure et simple du point-à-point d'Air France par Hop ! paraît exclue, tant les différences culturelles et statutaires sont fortes. Toutefois, le simple fait d'unifier la politique commerciale suppose un regroupement des services commerciaux et, in fine, de la direction. La question de la marque reste également ouverte. Si les rapporteurs plaident pour une marque unique, de type « Hop ! by Air France », ils se gardent bien de trancher.
Même prudence chez le PDG d'Air France. « Air France et Hop !, c'est le même combat sur le point-à-point », concède Frédéric Gagey sans pour autant s'engager sur la forme que pourrait prendre un rapprochement. D'autant que d'autres aspects du problème risquent d'échauffer les esprits. D'après le rapport, une réduction de 50 % des coûts d'escale et une hausse de 25 % à 30 % de la productivité des navigants d'Air France seraient encore nécessaires pour revenir au niveau de productivité des concurrents européens.