par eolien Mer 27 Jan 2016 - 8:41
Tiré des Echos, un article de Bruno Trévidic :
Regain de tensions sociales chez Air France
Bruno Trévidic
L'intersyndicale refuse de négocier tant que l'Etat n'aura pas fait un geste. Les principaux syndicats de personnels au sol ont signé un accord sur l'emploi.
« Un plan de décroissance dissimulé par un ingénieux plan de communication » : tel est le jugement sans appel porté par l'intersyndicale d'Air France sur le nouveau plan stratégique présenté le 15 janvier dernier par la direction. L'intersyndicale, qui réunit onze organisations, dont le principal syndicat de pilotes SNPL, la CGT, FO et les principaux syndicats de personnels de cabine, a arrêté une position commune, qui augure mal de la suite des négociations. « Si les annonces consacrent un abandon du plan B [...], le plan diffusé n'en demeure pas moins un projet de diminution de la flotte d'Air France », affirment-ils à la veille du comité central d'entreprise, qui se tiendra jeudi et vendredi, pour examiner ce nouveau plan.
En effet, si le plan de la direction fait miroiter une reprise de la croissance de l'offre à compter de 2017, il ne revient pas sur les mesures d'économies déjà lancées pour 2016, qui incluent 1.000 suppressions de postes et le retrait de 5 appareils long-courriers en 2016. Pour l'intersyndicale, la reprise des négociations et la conclusion d'un accord avec la direction doivent donc passer par « l'annulation des sorties de flotte annoncées » et « l'arrivée des Boeing 787 conformément au calendrier initial ».
L'intersyndicale justifie sa demande par « la croissance du transport aérien dans le monde entier », « le faible prix du pétrole » et surtout « les résultats d'Air France », le résultat d'exploitation 2015 s'annonçant bien meilleur qu'attendu.
Mais pour l'heure, les négociations semblent dans l'impasse. « Cela ne servirait à rien de négocier un projet qui n'est pas celui qu'attendent les salariés », explique Philippe Evain, le président du bureau Air France du SNPL.
Pour le représentant des pilotes, le premier responsable de cette situation de blocage est le gouvernement. « Malgré nos demandes répétées, l'Etat n'a toujours pas fait sa part du travail, souligne-t-il. Il a laissé passer la hausse des redevances d'Aéroports de Paris, il a lâché des créneaux horaires pour les compagnies du Golfe et n'a rien fait pour revoir le millefeuille de taxes et de surcoûts, qui représentent près de 700 millions d'euros par an pour Air France. »
Une récente rencontre entre les représentants du SNPL AF et les conseillers de Manuel Valls n'a apparemment pas fait bouger les choses. « L'Etat a tous les éléments du problème en main, assure Philippe Evain. Nous leur avons remis un dossier complet, expliquant comment Air France-KLM a naturellement tendance à délocaliser de l'activité chez KLM en raison des surcoûts pesant sur Air France. Cela représente environ 1 milliard d'euros de chiffre d'affaires perdu au profit de KLM », affirme-t-il.
Autre négociation sur la politique salariale
La reprise des négociations semble donc tourner de nouveau au dialogue de sourds. « En l'absence de réaction rapide de nos dirigeants, l'intersyndicale sera amenée à proposer aux salariés une série d'actions rapides dans un délai extrêmement court », annonce le communiqué. « Le ton va se durcir », confirme Philippe Evain, pour qui « une grève clairement est envisageable, car il en va de l'avenir de la compagnie ».
Cependant, comme souvent chez Air France, le pire n'est jamais sûr. La direction a ainsi annoncé, mardi, la signature d'un accord avec la CFDT, CFE-CGC et Unsa, trois syndicats non membres de l'intersyndicale, sur la gestion de l'emploi des personnels au sol « C'est un événement important, qui f ixe la façon dont l'entreprise va gérer les évolutions de l'emploi pour les personnels au sol durant les trois prochaines années, souligne Gilles Gateau, le nouveau DRH d'Air France. L'entreprise s'engage à traiter les suppressions de postes sans départ contraint, mais des plans de départs volontaires et des mesures de mobilité interne et de formation ».
Par ailleurs, une autre négociation s'ouvre ce mercredi sur la politique salariale, qui pourrait là encore déboucher sur un accord. Air France devrait annoncer le versement de primes d'intéressement et de participation à tous les salariés au titre de 2015, ainsi qu'une forte augmentation de l'enveloppe de participation et d'intéressement au titre de l'année 2016 et 2017. De quoi mettre de l'huile dans les rouages du dialogue social.