http://www.icao.int/ESAF/Pages/loci-symp-2015.aspx
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eolien
nico cmb
Vector
c.foussa
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pertes de contrôle en vol
c.foussa- Whisky Quebec
- Message n°1
pertes de contrôle en vol
L'accès à toutes les présentations du symposium OACI sur les LOC est accessible sur ce lien: voir tout particulièrement "day 1-session3" = statistiques, détails et quelques pistes; il y a dans les stats, 2 incidents peu connus, je reviendrai.
http://www.icao.int/ESAF/Pages/loci-symp-2015.aspx
http://www.icao.int/ESAF/Pages/loci-symp-2015.aspx
Vector- Whisky Quebec
- Message n°2
Re: pertes de contrôle en vol
Excellent initiative que l'ouverture de ce sujet. J'aurais dû y penser !
La prépondérance des cas de perte de contrôle en vol (LOCI) est troublante. Elle suit probablement l'invasion de l'automatisation et de l'informatique, mais cela reste à démontrer. Tout ce qui a été dit à propos d'AF447 et de QZ8501 s'applique ici, mais surtout les aspects CRM, perception situationnelle et désorientation spatiale.
Les retombées sur le plan de la formation et de l'entraînement seront intéressantes, mais on parle souvent de désorientation spatiale comme d'un phénomène nouveau, alors qu'il remonte aux origines du PSV et à l'invention de Monsieur Sperry. A-t-on oublié la règle de base de l'IFR : les instruments ont toujours raison !
La prépondérance des cas de perte de contrôle en vol (LOCI) est troublante. Elle suit probablement l'invasion de l'automatisation et de l'informatique, mais cela reste à démontrer. Tout ce qui a été dit à propos d'AF447 et de QZ8501 s'applique ici, mais surtout les aspects CRM, perception situationnelle et désorientation spatiale.
Les retombées sur le plan de la formation et de l'entraînement seront intéressantes, mais on parle souvent de désorientation spatiale comme d'un phénomène nouveau, alors qu'il remonte aux origines du PSV et à l'invention de Monsieur Sperry. A-t-on oublié la règle de base de l'IFR : les instruments ont toujours raison !
c.foussa- Whisky Quebec
- Message n°3
Re: pertes de contrôle en vol
Vector a écrit:Excellent initiative que l'ouverture de ce sujet. J'aurais dû y penser !
La prépondérance des cas de perte de contrôle en vol (LOCI) est troublante. Elle suit probablement l'invasion de l'automatisation et de l'informatique, mais cela reste à démontrer. Tout ce qui a été dit à propos d'AF447 et de QZ8501 s'applique ici, mais surtout les aspects CRM, perception situationnelle et désorientation spatiale.
Les retombées sur le plan de la formation et de l'entraînement seront intéressantes, mais on parle souvent de désorientation spatiale comme d'un phénomène nouveau, alors qu'il remonte aux origines du PSV et à l'invention de Monsieur Sperry. A-t-on oublié la règle de base de l'IFR : les instruments ont toujours raison !
Oui il n' y a pas que des problèmes d'interface dans le pilotage, il y a plusieurs autres risques souvent liés à l'humain et ses limites.
Je voulais commencer soft avec des incidents très basiques mais puisque tu évoques les problèmes sensoriels en voici un où technique, physiologie (effet somatogravique) et CRM ont fait un mauvais cocktail.
Ma lecture d'un rapport canadien de 2008: c'est long et précis, mais si on veut bien comprendre ces affaires, il faut aller dans le détail.
Cet incident n’a duré que 4 minutes dans les nuages. 4 minutes seulement, mais bien remplies. Et très intéressantes en termes de gestion machine, et de fonctionnement équipage. Impression de déjà vu...
L’équipage de cet A 310 effectue en 2008 le vol Québec - Montréal après avoir effectué le vol Europe / Québec. C’est un équipage dit « particulier » dans le sens où le CDB était en contrôle, il avait environ 100 h de vol sur A 310 mais une expérience conséquente sur d’autres types avion. La fonction de copilote était remplie par un CDB instructeur qui le contrôlait.
La météo local est hivernale, - 10 ° C , vent quasi dans l’ axe de piste 06, assez fort : 24 / 36 kts , et visibilité faible avec poudrerie de neige , entre ¼ et ½ mile soit environ 400 m et 800 m . La piste est dite « contaminée » c’est à dire qu’elle est recouverte à 35 % de congères ; avec ces éléments, l’équipage a utilisé les performances adaptées, avec une poussée de décollage maximale soit environ 100 % de N1. Vitesse choisies : V1 = 126 , VR = 138 , V2 = 142 kts . Vitesses conformes. L' avion est très léger.
L’avion est autorisé au décollage avec altitude initiale à 3000 ft QNH soit 1750 ft sol. Cette altitude est basse et nécessite une conduite machine adaptée, car les performances avions sont importantes surtout avion léger et la capture d’altitude basse demande une bonne gestion machine : gestion de la poussée, de l’assiette, de la rentrée des volets, un palier à 3000 ft impliquant une forte accélération de l’avion.
Le profil normal de vol est le suivant :
-rotation à 138 kts , le guidage vertical par le directeur de vol fait maintenir V2 + 10 soit 152 kts ,
-rentrée du train engagement du pilote automatique avec donc maintien de V 2+10. C’est le guidage SRS , vu plus loin.
-400 ft sol, virage à droite au cap 110° comme autorisé préalablement par l’ ATC .
-1500 ft sol, sélection de la poussée de montée pour l’automanette.
-3000 ft palier et accélération pour rentrer les volets.
Cette séquence ne s’est pas passée du tout comme ça :
Le CDB en titre en raison de sa « jeunesse » sur avion ne pouvait effectuer le décollage qu’avec une visi de 2600 ft = 800 m, or la visi réelle n’était que de 1800 ft = 540 m , mais le FO , CDB de son état était qualifié pour une visi de 600 ft = 200 m. Cette composition d’ équipage particulière leur a fait mal interpréter la règlementation . Le pb n’est pas notarial, mais la visualisation d’un décollage avec de telles visi demande de l’expérience. C’était le 1 er décollage du CDB dans ces conditions. Un incident récent dans un pays nordique, avec fortes averses de neige, leur a fait perdre l’axe de piste et sortir latéralement de la piste …
H = heure de décollage.
Au cours de la course au décollage, le FO a eu des pb avec son casque radio, casque débranché avec bruit strident. Son annonce de VR a été fortement retardée, l’accélération de l’avion léger a surpris le CDB , la vitesse de rotation effective a été de 44 kts au-dessus de la vitesse nominale VR. Le bruit strident a persisté jusqu’ à 2000 ft .
A 40 ft sol.. le CDB incline l’avion pour prendre le cap 110°, peu après, à 900 ft sol, le directeur de vol passe de la phase décollage : SRS = maintien de vitesse V2+10, en mode ALT = capture et maintien d’altitude , le vario est de 6000 f/mn en montée, l’ assiette de 19 °. Vitesse 213 kts.
H + 14'', 1700 ft sol , le train est rentré, la poussée de montée aurait du être demandée et exécutée à 1500 ft sol ; le CPT engage le pilote automatique pour soulager sa charge de travail , voyant l’ avion accélérer et risquant d’ emplafonner les vitesse placards volets, demande la rentrée des volets . 5’’ après avoir engagé le pilote auto, le CDB le débraye. L’alarme sonore puissante retentira pendant une partie de l’ incident, alarme non coupée par l’ équipage.
H+ 40’’, l’ avion est à 2350 ft , le CPT agit les manettes de poussée pour réduire la vitesse en passant les 3000 ft autorisés et vole à 230 kts , l’ avion a encore 3000 ft / mn au vario, l’ action sur la commande de profondeur est importante, la variation d’assiette aussi , la commande de compensation de la profondeur = trim est actionnée et arrive en butée à piquer ( environ 3°) . Le dépassement d’altitude est faible : 100 ft.
H + 44’’, 4 secondes après la mise en palier, l’ avion a une assiette à piquer de 2,5° et un vario à piquer de 2000 ft / mn . Le FO annonce fermement que l’assiette est à piquer.
H+ 50 '' L’altitude diminue toujours, la vario toujours aussi fort, l’avion accélère. Le CPT réduit la puissance des moteurs, mais par ce geste, agit malencontreusement sur les palettes de commande de remise de gaz , sans s’en rendre compte. L’avion descend toujours, accélère aussi. le FO fait une 2 ème annonce, l’avion descend toujours. Le CPT s’aperçoit alors que l’avion est en mode remise de gaz et voyant toujours l’avion accélérer, pense à une anomalie d’indication de vitesse. Le FO ne voyant aucune correction de son collègue, croit à une incapacité subtile et reprend les commandes. La commission soupçonne que le CDB croyant à une fausse survitesse a empéché / contré l’ action à cabrer qu’a faite ensuite son collègue . Les efforts au manche sont très importants.
H+ 55’’ / 1’ 02’’ le FO qui pilote alors, débraye l’ automanette et réduit rapidement la puissance des moteurs , l’ avion est à 260 kts et 1300 ft/mn en descente ,assiette toujours négative.
H+ 1'20 '' , l’avion descend à 3900 ft / mn son assiette atteint 7 ° en piqué , la vitesse atteint 345 kts, avec déclenchement de l’ alarme de survitesse, déclenchement du mode « sink rate » du EGPWS puis des modes « pull up , too low terrain , terrain »
La vitesse est alors à 370 kts..l’avion remonte, l’altitude la plus basse attente a été de 1400 ft . Pendant les 39 ‘’ qu’il tirait sur le manche pour arrêter la descente, le FO a appuyé sur l’émission radio, ce qui a permis ultérieurement de comprendre que les pilotes comprenaient l’urgence de la situation, mais n’en comprenaient pas la cause.
Voici copié collé de la conclusion du rapport :
1.Le briefing avant le décollage n’a pas pris en compte les éléments qui ont contribué aux performances de montée exceptionnelles de l’aéronef; en conséquence, le briefing n’a pas amélioré la cohésion dans le poste de pilotage comme il aurait dû le faire.
2.A la suite du débranchement du casque d’écoute du copilote, l’annonce « Rotate » a été manquée pendant la course au décollage.
L’appareil a quitté le sol à 182 nœuds, soit 44 nœuds au-dessus de la vitesse de rotation calculée par l’équipage.
3.Les actions requises pour suivre la trajectoire et le profil de montée ont contribué à surcharger l’équipage et ont donné lieu à des erreurs. La séquence des actions et des annonces normalisées lors de la montée a été bouleversée. En conséquence, l’équipage n’a pas sélectionné la poussée de montée (CL) sur le thrust rating panel (TRP).
4.Lors de la mise en palier à 3000 pieds, le commandant de bord a actionné le compensateur électrique jusqu’à ce que le plan horizontal réglable (THS) atteigne la butée électrique en piqué. En conséquence, l’appareil a été placé dans une condition non compensée.
5.Afin de réduire la vitesse de l’appareil, le commandant a ramené les manettes de poussée. Cependant, il a appuyé sans s’en rendre compte sur les « Go Levers ». Le mode « Go Around » s’est activé, la puissance a augmenté au maximum, et la vitesse de l’appareil a continué d’augmenter.
6.Le passage inattendu en mode « Go Around » a déconcerté le commandant de bord à un moment où sa charge de travail était élevée. En surdose d’information, et préoccupé par la vitesse croissante de l’avion et sujet à l’illusion somatogravique, le commandant de bord a canalisé toute son attention sur la vitesse de l’appareil plutôt que sur l’ensemble des instruments. En conséquence, le commandant de bord n’a pas réalisé que l’appareil accélérait vers le sol, mais croyait à tort que la vitesse indiquée était erronée.
7.Le commandant de bord n’a pas réagi aux avertissements du copilote voulant que l’assiette n’était pas conforme au profil de vol désiré. En conséquence, le copilote a pris les commandes de l’avion sans reconnaître que ce dernier était dans une condition non compensée.
8.Lorsqu’il a pris les commandes de l’avion, le copilote n’a pas réalisé que l’appareil était dans une condition non compensée malgré les efforts exceptionnellement élevés au manche. Par conséquent, le compensateur horizontal n’a pas été utilisé pour alléger les forces au manche.
9.En raison de la proximité du sol, l’équipage disposait de peu de temps pour identifier le problème puis déterminer et pondérer les options et coordonner leurs efforts. Par conséquent, l’effet du stress lié au temps a pu précipiter chacun des pilotes à poser un diagnostic erroné sur l’origine du problème.
10.La performance de l’équipage suggère que certains éléments du programme de formation de la compagnie n’ont pas atteint les objectifs visés quant à la coordination des membres de l’équipage, la réglementation concernant les limites de décollage, la reconnaissance d’une condition non compensée, l’usage du pilote automatique et la compréhension et l’application des procédures anormales.
Illustration perso du point 4 : l’équipage n’ a que l’indication visuelle du mouvement du volant de trim pour percevoir son déplacement . Ça rappelle qq chose …
Illustrations perso du point 6 : séquence de changement panneau annonciateur de mode , séquence non détectée cause saturation mentale et illusion somatogravique.
Citation du rapport:
L’incident est survenu dans des conditions météorologiques de vol aux instruments (IMC) favorables à l’illusion somatogravique. L’illusion somatogravique est un phénomène qui se produit par mauvaise visibilité ou dans l’obscurité, en l’absence de repères visuels. Les pilotes chevronnés et titulaires de la qualification de vol aux instruments ne sont pas à l’abri de ce type d’illusion qui est une forme sournoise et dangereuse de désorientation.
Cette illusion se produit parce que le corps humain fait appel aux organes sensoriels de l’oreille interne pour assurer son équilibre et, en l’absence de repère visuel, les signaux transmis par ces organes peuvent produire une désorientation très grave. Lorsque l’aéronef accélère, les organes sensoriels de l’oreille interne du pilote ont tendance à envoyer un signal au cerveau du pilote qui est interprété comme une inclinaison vers l’arrière plutôt que comme une accélération vers l’avant. Si le pilote relève le nez de l’avion dans le même temps, le pilote a la très forte impression qu’il est en montée. À cause de cette illusion de fausse montée, le pilote a tendance à abaisser le nez de l’avion pour descendre. L’aéronef accélère alors, ce qui risque de renforcer l’illusion. Les pilotes ne peuvent se fier à leurs sens et doivent confirmer la position en cabré de l’appareil en utilisant l’indicateur d’assiette de l’écran principal de vol (PFD).
Les données de vol nous ont permis d’estimer l’assiette perçue par l’équipage (voir figure). On constate :
• que vers 14 h 40 min 44, à la fin de la montée, l’assiette perçue atteint plus de 30° tandis que l’assiette réelle est d’environ -3°;
• qu’entre 14 h 40 min 44 et 14 h 41 min 11, l’assiette perçue est en cabré et est supérieure à l’assiette réelle;
• qu’entre 14 h 41 min 11 et 14 h 41 min 27, l’assiette perçue augmente à nouveau jusqu’à +18°;
• une diminution significative des efforts au manche à 14 h 41 min 1, 14 h 41 min 26 et 14 h 41 min 33, alors que l’assiette en tangage était respectivement de -4,2°, -6,3° et -5,6°.
Fonctionnement de l’équipage : copie du rapport
Réagir avec précision et rapidité à une situation rare et inhabituelle comme la perte de maîtrise d’un appareil demande une évaluation efficace de la situation. Compte tenu du manque de données CVR, il n’est pas possible d’évaluer l’interaction entre les membres de l’équipage. Par ailleurs, en s’appuyant sur les données FDR, les témoignages et les bandes ATS on peut brosser un tableau général de la performance des pilotes.
Une gestion des ressources en équipe efficace requiert que les pilotes conviennent d’un plan commun après avoir bien saisi la situation. Puisque l’événement est survenu relativement près du sol, l’équipage disposait de peu de temps pour identifier le problème puis déterminer et pondérer les options de façon coordonnée.
Ni le commandant de bord ni le copilote n’étaient conscients de la situation. À ce propos, le commandant de bord n’a pas réalisé que l’appareil accélérait vers le sol; il croyait plutôt que la vitesse indiquée était erronée, tandis que le copilote ignorait que l’appareil était dans une condition non compensée.
Au début de l’événement, les pilotes n’ont pas travaillé en équipe pour résoudre le problème. Les indices appuient la possibilité que les pilotes aient exercé des forces opposées sur le manche. Étant donné que le commandant de bord soupçonnait que l’anémomètre indiquait une vitesse plus élevée que la vitesse réelle de l’avion, il est possible que le commandant de bord ait voulu restreindre le déplacement du manche vers l’arrière afin d’éviter un décrochage. Cette confusion a perduré jusqu’au déclenchement du EGPWS.
Si le commandant de bord avait informé le copilote qu’il soupçonnait une erreur d’anémomètre, cela aurait peut-être amélioré la performance dans le poste de pilotage.
Faute de données CVR, il n’a pas été possible d’établir avec exactitude quand la première tentative de coordination entre les pilotes a eu lieu. Les seules communications entre les pilotes enregistrées lors de l’événement sont les transmissions accidentelles du copilote sur la fréquence de la tour de Québec.
De ces communications, on peut conclure dans un ordre chronologique qu’entre la première alerte du EGPWS et le début de la remontée :
•que les deux pilotes ignoraient totalement la nature du problème;
•qu’un haut niveau de stress régnait dans le poste de pilotage;
•que le copilote demandait de l’aide au commandant de bord;
•que les pilotes ont reconnu un problème de maîtrise en tangage;
•que le commandant de bord tentait de résoudre le problème;
•et que finalement les pilotes coordonnaient leurs efforts et agissaient conjointement.
Bien que l’équipage ait diagnostiqué un problème de tangage, ni le commandant de bord ni le copilote n’a identifié la source du problème. Il est probable que le haut niveau de stress ait affecté la capacité d’analyse de l’équipage. En conséquence, l’équipage n’a pas exécuté la procédure appropriée.
Facteurs du stress du CPT en fonction : copie du rapport
La performance du commandant de bord suggère que ce dernier subissait une surdose d’information lorsqu’il a constaté que l’appareil était en mode « Go Around ».
Le stress du commandant de bord a commencé à augmenter au début du vol :
•il effectuait un vol supervisé en présence d’un pilote vérificateur de la compagnie;
•la rotation a été effectuée 44 nœuds au-dessus de la Vr;
•l’exécution d’un virage à 40 pieds au-dessus du sol pour acquérir le cap assigné;
•la vitesse de l’appareil oscillait près de la Vfe en position 15/15 pendant la montée;
•le vol s’effectuait en pilotage manuel;
•le taux de montée était exceptionnel;
•la montée s’effectuait à l’angle de cabrage maximal;
•l’exécution des tâches normales a été perturbée;
•l’alarme de débrayage du PA retentissait;
•la séquence des annonces n’a pas été respectée, ce qui a créé de la confusion dans le cockpit;
•l’appareil avait excédé l’altitude assignée lors de la montée puis passé sous elle en descente;
•le copilote l’avisait prestement de corriger l’assiette de l’appareil;
•l’indication inattendue que l’appareil était en mode « Go Around » a dû exacerber la confusion du commandant de bord;
•et finalement l’appareil accélérait vers la Vmo.
Rapport en français:
http://www.bst-tsb.gc.ca/fra/rapports-reports/aviation/2008/a08q0051/a08q0051.asp
nico cmb
- Message n°4
Re: pertes de contrôle en vol
merci c.foussa pour ce long exposé très intéressant. Même pour un non-pilote c'est passionnant à lire.
des trous dans les plaques de Reason qui s'alignent petit à petit et un peu de malchance aussi avec le casque.
je ne comprends pas le point 4 "Illustration perso du point 4 : l’équipage n’ a que l’indication visuelle du mouvement du volant de trim pour percevoir son déplacement . Ça rappelle qq chose"
il y a quand même un indicateur visuel de la position du trim à coté de la manette de gaz ?
edit: je pense à avoir trouvé la réponse dans le rapport
Comme l’appareil n’est pas équipé d’un système d’avertissement pour indiquer qu’une limite du compensateur est atteinte, l’équipage doit regarder l’indicateur de position de trim sur le volant de trim pour déterminer la position du THS ou consulter la page ECAM FLT CTL. Étant concentrés sur les instruments de bord, ni le commandant de bord ni le copilote n’ont réalisé que l’avion était dans une condition non compensée et que la limite en piqué avait été atteinte. Bien que le « Whooler » ait retenti pendant environ deux secondes lors de l’activation du compensateur, l’alerte sonore était de trop courte durée pour alerter l’équipage.
des trous dans les plaques de Reason qui s'alignent petit à petit et un peu de malchance aussi avec le casque.
je ne comprends pas le point 4 "Illustration perso du point 4 : l’équipage n’ a que l’indication visuelle du mouvement du volant de trim pour percevoir son déplacement . Ça rappelle qq chose"
il y a quand même un indicateur visuel de la position du trim à coté de la manette de gaz ?
edit: je pense à avoir trouvé la réponse dans le rapport
Comme l’appareil n’est pas équipé d’un système d’avertissement pour indiquer qu’une limite du compensateur est atteinte, l’équipage doit regarder l’indicateur de position de trim sur le volant de trim pour déterminer la position du THS ou consulter la page ECAM FLT CTL. Étant concentrés sur les instruments de bord, ni le commandant de bord ni le copilote n’ont réalisé que l’avion était dans une condition non compensée et que la limite en piqué avait été atteinte. Bien que le « Whooler » ait retenti pendant environ deux secondes lors de l’activation du compensateur, l’alerte sonore était de trop courte durée pour alerter l’équipage.
Vector- Whisky Quebec
- Message n°5
Re: pertes de contrôle en vol
C'est effectivement un problème de l'informatisation : la hiérarchie des alarmes et surtout leur différenciation.
Je me souviens de cet épisode d'un A-310 d'Air Transat, mais je ne peux pas m'empêcher de penser à ce qui serait arrivé si l'avion avait été équipé de sidesticks.
Au début de l’événement, les pilotes n’ont pas travaillé en équipe pour résoudre le problème. Les indices appuient la possibilité que les pilotes aient exercé des forces opposées sur le manche. Étant donné que le commandant de bord soupçonnait que l’anémomètre indiquait une vitesse plus élevée que la vitesse réelle de l’avion, il est possible que le commandant de bord ait voulu restreindre le déplacement du manche vers l’arrière afin d’éviter un décrochage. Cette confusion a perduré jusqu’au déclenchement du EGPWS.
Si le commandant de bord avait informé le copilote qu’il soupçonnait une erreur d’anémomètre, cela aurait peut-être amélioré la performance dans le poste de pilotage.
Je me souviens de cet épisode d'un A-310 d'Air Transat, mais je ne peux pas m'empêcher de penser à ce qui serait arrivé si l'avion avait été équipé de sidesticks.
Au début de l’événement, les pilotes n’ont pas travaillé en équipe pour résoudre le problème. Les indices appuient la possibilité que les pilotes aient exercé des forces opposées sur le manche. Étant donné que le commandant de bord soupçonnait que l’anémomètre indiquait une vitesse plus élevée que la vitesse réelle de l’avion, il est possible que le commandant de bord ait voulu restreindre le déplacement du manche vers l’arrière afin d’éviter un décrochage. Cette confusion a perduré jusqu’au déclenchement du EGPWS.
Si le commandant de bord avait informé le copilote qu’il soupçonnait une erreur d’anémomètre, cela aurait peut-être amélioré la performance dans le poste de pilotage.
eolien- Whisky Quebec
- Message n°6
Re: pertes de contrôle en vol
Merci C.Foussa pour cet exemple de désordre dans un cockpit ...
Il apparait que le CDB/PF a été dépassé par l'acquisition très rapide de la première contrainte d'altitude.
Mauvaise gestion de la trjectoire, mauvaise gestion de la configuration de l'avion, mauvaise gestion de la profondeur, mauvais CRM ... mauvaise anticipation !
Ce qui est étonnant, c'est l'utilisation excessive du Trim, pour un pilote expérimenté... facteur essentiel de l'incompréhension qui va s'instaurer.
Aurais-tu le CVR ?...
Il apparait que le CDB/PF a été dépassé par l'acquisition très rapide de la première contrainte d'altitude.
Mauvaise gestion de la trjectoire, mauvaise gestion de la configuration de l'avion, mauvaise gestion de la profondeur, mauvais CRM ... mauvaise anticipation !
Ce qui est étonnant, c'est l'utilisation excessive du Trim, pour un pilote expérimenté... facteur essentiel de l'incompréhension qui va s'instaurer.
Aurais-tu le CVR ?...
_________________
Eolien
La dialectique est l'art d'atteindre la vérité au moyen de la discussion des opinions.
nico cmb
- Message n°7
Re: pertes de contrôle en vol
1.7 Enregistreurs de bord
L’équipage a désactivé l’enregistreur de la parole dans le poste de pilotage (CVR) une fois l’appareil immobilisé à Montréal. Air Transat a retiré les enregistreurs de bord de l’appareil le jour de l’incident. Le 12 mars 2008, les enregistreurs ont été acheminés au Conseil national de recherches du Canada (CNRC) afin de télécharger les données de vol et les données audio. Le 18 mars 2008, le BST a pris possession des enregistreurs.
il n'y a que les conversations issues de l'appui involontaire sur l'alternat
[th]UTC (h:min:s)[/th][th]SÉQUENCE DES ÉVÉNEMENTS[/th][th]IAS (nœuds)[/th][th]Alt 29.53 (pi)[/th][th]Hauteur radioalti-métrique (pi agl)[/th][th]Vitesse enregistrée (pi/min)[/th][th]Angle de tangage (°)[/th][th]Angle du stabilisateur (°)[/th] 19:39:38.4 Début de la course au décollage 37.3 295 -1 0 0 -1.8 19:39:55 Vitesse de rotation est atteinte 138.0 295 -1 0 0 -1.8 19:40:02.9 L’appareil débute la rotation 181.8 265 -1 -15 1.4 -1.8 19:40:05.0 Début du virage à droite 188.4 311 40 293 6 -1.8 19:40:18.3 ALT* mode vertical engagé 212.8 1064 897 6282 18.6 -1.8 19:40:24.1 Le PA no 1 est embrayé 211.9 1668 1442 6240 19 -1 19:40:24.4 Début de la rentrée des volets 212 1770 1469 6358 19 -1 19:40:27.5 Début de la rentrée du train d’atterrissage 208.6 2017 1766 5920 16.8 -0.7 19:40:29.1 Le PA est débrayé 206.1 2168 1911 5291 18.2 -0.6 19:40:31.8 L’angle de tangage commence à diminuer 198 2406 2132 5383 17.1 0.1 19:40:40.9 Le plan horizontal réglable passe progressivement de 0,3° en piqué à 2,7° en piqué 197.5 3018 2632 3120 8.5 0.7 19:40:44.1 L’appareil débute sa descente 208.9 3112 2685 1202 -2.3 2.6 19:40:46.1 Activation manuelle du compensateur 218.2 3073 2645 -1060 -1.1 19:40:48.3 L’appareil descend au-dessous de 3000 pieds asl 230.3 3003 2599 -2063 -2 2.5 19:40 :52.1 Activation manuelle du compensateur 241.9 2862 2501 -2068 -0.06 2.5 19:40:52.2 Le commandant de bord réduit la puissance en tirant les manettes de poussée. 242.1 2859 2499 -2058 -0.7 2.5 19:40:53.3 Le mode « Go Around » est engagé 244 2826 2478 -1718 -1.9 2.3 19:40:54.3 Les becs commencent à rentrer 244 2793 2454 -2018 -2.5 2.3 19:40:55 Activation manuelle du compensateur 244.1 2760 2432 -1958 -1.8 2.3 19:40:57.1 Activation manuelle du compensateur 248 2690 2338 -2117 -1.1 2.0 19:40:58.3 L’automanette est désactivée 252.6 2654 2312 -2044 -1.1 1.9 19:41:00.1 Première alarme de survitesse: Vfe, Vle 258.9 2607 2262 -1667 -2.7 1.8 19:41:05.1 Activation manuelle du compensateur 277.1 2412 2099 -2003 -2.5 1.8 19:41:19.1 Activation manuelle du compensateur 300 2082 1793 -1184 -0.7 1.6 19:41:25.0 L’angle de tangage passe de 3° en piqué à 7° en piqué 323.2 1970 1649 -1302 -3.7 1.3 19:41:28.2 TSC211 Transmission accidentelle sur la fréquence de la tour de Québec 341.2 1826 1480 -3117 -5.2 1.2 19:41:28.6 Alerte GPWS « Sink Rate » 342.8 1800 1454 -3443 -4.1 1.2 19:41:29.7 Alerte de survitesse : Vmo se terminant à 19:41:59.8 345.6 1730 1389 -3789 -1.4 1.2 19:41:30.0 TSC211 Transmission accidentelle sur la fréquence de la tour de Québec 345.9 1714 1373 -3470 -1 1.2 19:41:34.6 Alertes GPWS « Don’t Sink», « Terrain », « Sink Rate »,« Pull Up », « Too Low Terrain » se terminant à 19:41:41.5 356.9 1540 1157 -2719 -4.3 1.2 19:41:37.6 TSC211 Transmission accidentelle
sur la fréquence de la tour de Québec359.5 1411 998 -2356 1.6 1.2 19:41:38.8 L’appareil atteint son altitude minimum
de 1393 pieds asl.359.3 1393 995 -1119 2.5 1.2 19:41:42.1 TSC211 Transmission accidentelle sur
la fréquence de la tour de Québec363.9 1412 1009 392 1.4 1.2 19:41 :44.1 Activation manuelle du compensateur 368.0 1439 1050 851 3.8 1.2 19:41:46.1 Activation manuelle du compensateur.
L’appareil atteint la vitesse maximum du vol.370.0 1494 1126 1725 4.8 1.1 19:41:52.6 TSC211 Transmission accidentelle sur
la fréquence de la tour de Québec363.1 1888 1630 4316 7.3 0.8 19:41:55.3 TSC211 Transmission accidentelle sur
la fréquence de la tour de Québec351.2 2104 1972 4539 7.7 0.8 19:42:03.7 TSC211 : « PAN PAN. PAN PAN. PAN PAN.
Air Transat, Air Transat 211, Air Transat 211,
on a un petit problème, on demande l’altitude en
haut de 5000, on demande jusqu’à 10 000 pieds, ok? »326.0 2857 2670 5512 10.5 0.6 19:42:19.0 Tour de Québec : « Transat 211, vous êtes toujours
avec la tour de Québec. Confirmez sur 118.65? »265.8 4471 4011 6456 13.6 -0.2 19:42:23.6 TSC211 : « Oui, okay alors 127.85, salut. » 245.2 4890 4373 4838 11.8 -0.1 19:42:25.9 Tour de Québec : « Okay.» 238.0 5066 4536 4540 10.9 -0.1 19:42:26.6 TSC211 : « PAN PAN. PAN PAN. Air Transat 110,
Air Transat 110, on a un problème. On déclare une
urgence. On a un problème d’indication de vitesse. »236.1 5122 4590 4771 10.5 -0.1 19:42:36.5 Tour de Québec : « Transat 211, l’altitude à votre
discrétion. Vous êtes toujours avec la tour de Québec. »224.4 5773 5216 3577 10.2 -0.4
c.foussa- Whisky Quebec
- Message n°8
Re: pertes de contrôle en vol
Merci pour le CVR ! En complément de cet incident de l'A310 canadien, les interfaces de l'A310 sont classiques et faciles, du moins pas piégeuses (sauf pour l'autre incident que j'évoquerai dans le post suivant) Copie de photos du rapport où on voit où est situé le TRP qui permet de sélecter les différents niveaux de poussée, les manettes de poussée et les 2 palm switchs (go levers) qui permettent d'activer la remise de gaz:
c.foussa- Whisky Quebec
- Message n°9
Re: pertes de contrôle en vol
Les faits: approche rapide à Orly d'un A 310: extraits choisis du rapport du BEA mis en lien à la fin.
1.1 Déroulement du vol
(...) Alors que l’avion passe 1 700 pieds en descente, à 10 h 43 min 22 s, avec une vitesse d’environ 195 kt, le commandant de bord demande la sortie des volets à 20°. La VFE, vitesse limite autorisée pour cette nouvelle configuration, est de 195 kt. Lorsque la commande des volets est placée sur 20°, les manettes de poussée avancent et lapoussée des réacteurs augmente.
L’équipage contre l’effet cabreur dû à l’augmentation de la poussée par une action à piquer sur la commande de profondeur, l’automanette (ATHR) restant en mode automatique.
Puis, les manettes de poussée sont ramenées vivement à la position ralenti. Au même instant le plan horizontal réglable commence à se déplacer dans le sens à cabrer.
Le couple cabreur qui en résulte est contré par l’équipage par une action progressive à piquer sur la gouverne de profondeur. Alors que le plan horizontal réglable atteint sa valeur maximale à cabrer et que la gouverne de profondeur atteint également sa valeur maximale à piquer, les manettes de poussée sont, selon les enregistrements, rapidement avancées jusqu’à leur butée.
En quelques secondes, la trajectoire devient ascendante et l’assiette longitudinale passe à 60°. Des témoins voient l’avion monter. Il prend de fortes inclinaisons à gauche et à droite et décroche avant de prendre une forte assiette négative (-33°) vers le sol.
L’altitude maximale atteinte est de 4 100 pieds, tandis qu’une vitesse indiquée minimale de 35 kt est enregistrée. Les alarmes de décrochage et de proximité du sol retentissent pendant la descente. L’équipage parvient à reprendre le contrôle de l’avion, le point bas de la ressource se situe à une hauteur de 800 pieds, soit 240 mètres sol.
.../...
A l’approche du décrochage, le commandant de bord a tiré le manche à fond, ce qui a amené la gouverne de profondeur à 23° à cabrer. Puis il l’a repoussé à fond, tout en continuant à contrer aux ailerons le roulis de 75° à droite. Les données statistiques montrent que, confrontés au décrochage, les pilotes ramènent dans 80% des cas le manche vers l’arrière, dans une sorte de mouvement réflexe, ce qui entretient la perte de contrôle.
Conclusions copiées du rapport:
3.1 Faits établis
(...) Le contrôle d’approche a demandé à l’avion de raccourcir sa trajectoire, ce qui a conduit à une interception de l’ILS plus près de la piste que ne le prévoit la procédurestandard.
· Selon la logique des systèmes, le glide, rencontré avant le loc, n’a pas été capturé en automatique. Le commandant de bord a alors déconnecté les deux pilotes automatiques en laissant l’automanette en fonctionnement.
· L’altitude de 4 000 pieds a été affichée avant l’établissement de l’avion sur l’ILS comme altitude de remise de gaz. L’altitude de remise de gaz de la procédure est de 2 000 pieds.
· Au moment de la sélection des volets à 20°, la vitesse était légèrement supérieure à laVMAX, ce qui a activé la protection en vitesse, entraînant la réversion du mode VS vers le mode LVL CHG.
· En raison de l’altitude sélectée supérieure à celle de l’avion, l’automanette a commandé une augmentation de la poussée. Le pilote a maintenu l’avion en descente.
· Il a amené involontairement le trim à sa butée électrique de 13° à cabrer, ce qui a placé l’avion dans une situation de hors trim total.
· Pour contrer l’effet du braquage du PHR, il a amené la gouverne de profondeur à sa butée mécanique de 15° à piquer, au prix d’un effort important au manche.
· Une augmentation brusque de la poussée a été commandée manuellement.
· Sous l’effet du couple additionnel, l’avion a cabré rapidement. Le pilote a continué à contrer par un effort continu à la profondeur et en retenant temporairement sur la position de ralenti les leviers de poussée. Il n’a pas corrigé le trim qui est resté en butée à cabrer, ni déconnecté l’automanette.
· L’avion a pris une trajectoire à très forte pente, les inclinaisons latérales atteignant des valeurs très importantes. Il est monté à l’altitude de 4 100 pieds, la vitesse minimale enregistrée a été de 35 kt. La protection Alpha-trim a réduit de 4° le braquage du PHR.
· Sous l’effet des forts dérapages lors de roulis amples et rapides, les sondes d’incidence ont été perturbées, ce qui a provoqué la déconnexion automatique des deux pitch-trims. L’automanette a été désactivée pour les mêmes raisons.
· Du fait de la dynamique des mouvements de l’avion, l’alarme de décrochage et levibreur de manche n’ont pas fonctionné de façon préventive.
· L’équipage a repris le contrôle de l’avion après le décrochage.
3.2 Causes probables
Les causes directes des attitudes inusuelles et du décrochage subis par l’avion sont un mouvement du PHR vers la position à plein cabrer et une augmentation rapide de la poussée, manoeuvres toutes deux commandées par le pilote en fonction, à la suite d’une réversion de mode de l’AFS qui n’a pas été comprise. Le couple cabreur a provoqué une prise d’assiette brutale que l’équipage n’a pas pu et ne pouvait pascontenir à la profondeur.
Les éléments suivants ont contribué à l’incident :
· Une approche trop rapide, due à un début de descente tardif, suivie par un raccourcissement de la procédure standard.
· Un travail insuffisant en équipage.
· La sélection prématurée de l’altitude de remise des gaz et la prise précipitée de la configuration becs et volets à 20-20, qui ont entraîné l’activation de la protection en vitesse.
· La difficulté de compréhension de l’action de l’automanette augmentant la poussée dans sa fonction de protection contre les hautes vitesses.
2 remarques perso et présentes dans le rapport: la logique de l'automanette de faire passer pleine poussée pour remonter l'avion quand on va trop vite pour les volets, est contradictoire; si on veut réduire la vitesse, c'est pas qu'on veut remonter, de plus la symbologie LVL CHG qui s'affiche est trompeuse. L'alarme décrochage et vibreur de manche ne nes sont pas déclenchés cause vitesse inférieure à 60 kts et incidence pas suffisante.
Quelques images de reconstitution figurent en fin du rapport mais il y aussi une vidéo..
Rapport:
http://www.bea.aero/docspa/1994/yr-a940924/pdf/yr-a940924.pdf
Un A310 d'Interflug avait connu pareil "pitch up" à Moscou de nuit suite à une remise de gaz. Ils ont bien aimé, ils en ont fait plusieurs.
1.1 Déroulement du vol
(...) Alors que l’avion passe 1 700 pieds en descente, à 10 h 43 min 22 s, avec une vitesse d’environ 195 kt, le commandant de bord demande la sortie des volets à 20°. La VFE, vitesse limite autorisée pour cette nouvelle configuration, est de 195 kt. Lorsque la commande des volets est placée sur 20°, les manettes de poussée avancent et lapoussée des réacteurs augmente.
L’équipage contre l’effet cabreur dû à l’augmentation de la poussée par une action à piquer sur la commande de profondeur, l’automanette (ATHR) restant en mode automatique.
Puis, les manettes de poussée sont ramenées vivement à la position ralenti. Au même instant le plan horizontal réglable commence à se déplacer dans le sens à cabrer.
Le couple cabreur qui en résulte est contré par l’équipage par une action progressive à piquer sur la gouverne de profondeur. Alors que le plan horizontal réglable atteint sa valeur maximale à cabrer et que la gouverne de profondeur atteint également sa valeur maximale à piquer, les manettes de poussée sont, selon les enregistrements, rapidement avancées jusqu’à leur butée.
En quelques secondes, la trajectoire devient ascendante et l’assiette longitudinale passe à 60°. Des témoins voient l’avion monter. Il prend de fortes inclinaisons à gauche et à droite et décroche avant de prendre une forte assiette négative (-33°) vers le sol.
L’altitude maximale atteinte est de 4 100 pieds, tandis qu’une vitesse indiquée minimale de 35 kt est enregistrée. Les alarmes de décrochage et de proximité du sol retentissent pendant la descente. L’équipage parvient à reprendre le contrôle de l’avion, le point bas de la ressource se situe à une hauteur de 800 pieds, soit 240 mètres sol.
.../...
A l’approche du décrochage, le commandant de bord a tiré le manche à fond, ce qui a amené la gouverne de profondeur à 23° à cabrer. Puis il l’a repoussé à fond, tout en continuant à contrer aux ailerons le roulis de 75° à droite. Les données statistiques montrent que, confrontés au décrochage, les pilotes ramènent dans 80% des cas le manche vers l’arrière, dans une sorte de mouvement réflexe, ce qui entretient la perte de contrôle.
Conclusions copiées du rapport:
3.1 Faits établis
(...) Le contrôle d’approche a demandé à l’avion de raccourcir sa trajectoire, ce qui a conduit à une interception de l’ILS plus près de la piste que ne le prévoit la procédurestandard.
· Selon la logique des systèmes, le glide, rencontré avant le loc, n’a pas été capturé en automatique. Le commandant de bord a alors déconnecté les deux pilotes automatiques en laissant l’automanette en fonctionnement.
· L’altitude de 4 000 pieds a été affichée avant l’établissement de l’avion sur l’ILS comme altitude de remise de gaz. L’altitude de remise de gaz de la procédure est de 2 000 pieds.
· Au moment de la sélection des volets à 20°, la vitesse était légèrement supérieure à laVMAX, ce qui a activé la protection en vitesse, entraînant la réversion du mode VS vers le mode LVL CHG.
· En raison de l’altitude sélectée supérieure à celle de l’avion, l’automanette a commandé une augmentation de la poussée. Le pilote a maintenu l’avion en descente.
· Il a amené involontairement le trim à sa butée électrique de 13° à cabrer, ce qui a placé l’avion dans une situation de hors trim total.
· Pour contrer l’effet du braquage du PHR, il a amené la gouverne de profondeur à sa butée mécanique de 15° à piquer, au prix d’un effort important au manche.
· Une augmentation brusque de la poussée a été commandée manuellement.
· Sous l’effet du couple additionnel, l’avion a cabré rapidement. Le pilote a continué à contrer par un effort continu à la profondeur et en retenant temporairement sur la position de ralenti les leviers de poussée. Il n’a pas corrigé le trim qui est resté en butée à cabrer, ni déconnecté l’automanette.
· L’avion a pris une trajectoire à très forte pente, les inclinaisons latérales atteignant des valeurs très importantes. Il est monté à l’altitude de 4 100 pieds, la vitesse minimale enregistrée a été de 35 kt. La protection Alpha-trim a réduit de 4° le braquage du PHR.
· Sous l’effet des forts dérapages lors de roulis amples et rapides, les sondes d’incidence ont été perturbées, ce qui a provoqué la déconnexion automatique des deux pitch-trims. L’automanette a été désactivée pour les mêmes raisons.
· Du fait de la dynamique des mouvements de l’avion, l’alarme de décrochage et levibreur de manche n’ont pas fonctionné de façon préventive.
· L’équipage a repris le contrôle de l’avion après le décrochage.
3.2 Causes probables
Les causes directes des attitudes inusuelles et du décrochage subis par l’avion sont un mouvement du PHR vers la position à plein cabrer et une augmentation rapide de la poussée, manoeuvres toutes deux commandées par le pilote en fonction, à la suite d’une réversion de mode de l’AFS qui n’a pas été comprise. Le couple cabreur a provoqué une prise d’assiette brutale que l’équipage n’a pas pu et ne pouvait pascontenir à la profondeur.
Les éléments suivants ont contribué à l’incident :
· Une approche trop rapide, due à un début de descente tardif, suivie par un raccourcissement de la procédure standard.
· Un travail insuffisant en équipage.
· La sélection prématurée de l’altitude de remise des gaz et la prise précipitée de la configuration becs et volets à 20-20, qui ont entraîné l’activation de la protection en vitesse.
· La difficulté de compréhension de l’action de l’automanette augmentant la poussée dans sa fonction de protection contre les hautes vitesses.
2 remarques perso et présentes dans le rapport: la logique de l'automanette de faire passer pleine poussée pour remonter l'avion quand on va trop vite pour les volets, est contradictoire; si on veut réduire la vitesse, c'est pas qu'on veut remonter, de plus la symbologie LVL CHG qui s'affiche est trompeuse. L'alarme décrochage et vibreur de manche ne nes sont pas déclenchés cause vitesse inférieure à 60 kts et incidence pas suffisante.
Quelques images de reconstitution figurent en fin du rapport mais il y aussi une vidéo..
Rapport:
http://www.bea.aero/docspa/1994/yr-a940924/pdf/yr-a940924.pdf
Un A310 d'Interflug avait connu pareil "pitch up" à Moscou de nuit suite à une remise de gaz. Ils ont bien aimé, ils en ont fait plusieurs.
Dernière édition par c.foussa le Mer 9 Déc 2015 - 18:18, édité 2 fois
Vector- Whisky Quebec
- Message n°10
Re: pertes de contrôle en vol
Tous ces dysfonctionnements font encore ressortir le caractère "sournois" de l'interface pilote d'Airbus, même avec des commandes classiques et conjuguées. Ces deux exemples font ressortir le caractère trompeur des automatismes et en particulier le non-fonctionnement voulu du système anti-décrochage.
En passant, il est étonnant de voir que les pilotes de Tarom ont compris qu'ils avaient décrochés (visi meilleure que pour AF447 et QZ8501) et récupéré en moins de 4000 ft malgré un trim de tangage en butée cabré. Cela accroît les regrets pour les autres cas.
En passant, il est étonnant de voir que les pilotes de Tarom ont compris qu'ils avaient décrochés (visi meilleure que pour AF447 et QZ8501) et récupéré en moins de 4000 ft malgré un trim de tangage en butée cabré. Cela accroît les regrets pour les autres cas.
c.foussa- Whisky Quebec
- Message n°11
Re: pertes de contrôle en vol
Boeing est aussi parfois sournois... à venir demain.
Vector- Whisky Quebec
- Message n°12
Re: pertes de contrôle en vol
La deuxième vidéo (Interflug) a mis du temps à s'ouvrir, mais je ne regrette pas l'attente : quelle belle séance de voltige ! Une boucle presque parfaite. On dirait un Extra 310 !
nico cmb
- Message n°13
Re: pertes de contrôle en vol
Concernant le tarom à Orly il existe même une vidéo :
eolien- Whisky Quebec
- Message n°14
Re: pertes de contrôle en vol
J'étais CDB sur A310 durant quelques années et j'en ai gardé le souvenir d'un excellent avion.
Dans cet exemple, les erreurs de pilotage se sont cumulées et on ne peut pas imputer ce numéro d'acrobatie aérienne à l'avion mais à l'équipage qui s'est "mélangé les pinceaux" sur des gestes simples, de base.
Par exemple, aux limites de VFE, on réduit d'abord la vitesse, donc la poussée des réacteurs avant de sortir les volets. C'est comme ça sur un Cessna, su un Jodel, sur un A380 ... sur un A310.
Dans cet exemple, les erreurs de pilotage se sont cumulées et on ne peut pas imputer ce numéro d'acrobatie aérienne à l'avion mais à l'équipage qui s'est "mélangé les pinceaux" sur des gestes simples, de base.
Par exemple, aux limites de VFE, on réduit d'abord la vitesse, donc la poussée des réacteurs avant de sortir les volets. C'est comme ça sur un Cessna, su un Jodel, sur un A380 ... sur un A310.
_________________
Eolien
La dialectique est l'art d'atteindre la vérité au moyen de la discussion des opinions.
Poncho (Admin)- Whisky Charlie
- Message n°15
Re: pertes de contrôle en vol
Merci pour tout ces retours
De la lecture à prévoir pour ce WE !
Nice !
De la lecture à prévoir pour ce WE !
Nice !
_________________
@avia.poncho
c.foussa- Whisky Quebec
- Message n°16
Re: pertes de contrôle en vol
Une autre perte de contrôle intéressante:
Un B 737-300 arrive de nuit à Bournemouth (UK) en provenance du Portugual, la piste est courte et il décident de faire l'atterrissage volets 40° ce qui donne une vitesse d'approche (1,3 de la vitesse de décrochage) de 129 kts qu'ils majorent à 136 à cause du vent. C'est le First Officer qui pilote. Le début de l'approche est nominal, les moteurs sont mis sur ralenti par l'automanette pour permettre la réduction de vitesse. Le pilote automatique est engagé.
L'avion est à 2500 ft et commence à suivre le glide; l'automanette se déconnecte alors toute seule, la seule petite alarme correspondante n'est pas détectée par les pilotes. Il faut dire que cette alarme clignote souvent en approche car elle se déclenche quand la vitesse avion passe sous la vitesse cible, effet de routine pour la non détection de l'alarme.
AAIB
C'est un avion de type ancien et il n'y a ni alarme sonore ni autre message.Les volets sortent à 40° et la vitesse sélectée est mise à 135 kts mais sans automanette, la vitesse commence à chuter de 1 kt par seconde. La vitesse atteint 125 kts (vitesse d'approche -10) et le pilote monitoring annonce comme prévu l'écart de vitesse, remise de poussée du pilote puis le le Captain annonce, j'ai les commandes, remise de gaz volets 15° et pousse légèrement sur les manettes moteurs et appuie sur les poussoirs de désengagement automanette (déjà déconnectée incognito)
Le pilote automatique est toujours engagé et à cause de la chute de vitesse, il trime automatiquement l'avion pour compenser. La vitesse chute à 110 kts avec une assiette de 12°, l'alarme vibreur de manche se déclenche, le pilote pousse sur le manche pour contrer la tendance à cabrer du à la position du trim. La vitesse atteint 101 kts et le vibreur de manche s'arrête, l'avion a un peu de roulis que le pilote corrige.
Les moteurs sont à leur puissance maxi et même un peu au delà (particularité de ce vieux type avion) le pilote automatique est déconnecté, les volets rentrent lentement vers 15°, l'assiette monte alors à 22° avec toujours un peu de roulis et le vibreur de manche se réactive. L'annonce "assiette forte" est faite et le pilote annonce qu'il pousse sur le manche, c'est même les 2 pilotes qui poussent ensemble, la gouverne de profondeur n'a plus d'efficacité (position du trim et forte assiette) La vitesse chute toujours, l'assiette atteint au maximum 44°, baisse ensuite vers 33°, la vitesse est alors de 82 kts, l'avion est en décrochage, il était "heureusement " remonté vers 2500 ft...L'avion est ensuite récupéré et stabilisé, 2 ème approche sans problème.
AAIB
Les facteurs de cet incident (listé dans le document/présentation de l'OACI sur les LOC)
- non perception de l'alarme déconnection de l'automanette; le clignotement à la fois pour un fonctionnement normal et pour la déconnection de l'automanette n'est pas idéal. Il y a certes possibilité de le voir sur le Flight Mode Annunciator du PFD, mais on sait que quand l'attention se focalise sur un paramètre qui préoccupe, on ne voit pas les autres infos. Non détection de la chute de vitesse avec moteurs sur ralenti.
- avion certifié à une époque où il n'était pas requis d'avoir alarme visuelle et sonore pour la déconnection de l'automanette.
- documentation manquant de précision sur la différence de procédures entre approche du décrochage (augmenter la poussée des moteurs) et récupération du décrochage (ne pas augmenter la poussée) ainsi que sur l'utilisation du trim lors des récupérations d'upset ou de remise de gaz normale. Comme sur les gros bimoteurs, le mise en poussée des moteurs génère un fort couple cabreur.
https://www.gov.uk/aaib-reports/aar-3-2009-boeing-737-3q8-g-thof-23-september-2007
Un B 737-300 arrive de nuit à Bournemouth (UK) en provenance du Portugual, la piste est courte et il décident de faire l'atterrissage volets 40° ce qui donne une vitesse d'approche (1,3 de la vitesse de décrochage) de 129 kts qu'ils majorent à 136 à cause du vent. C'est le First Officer qui pilote. Le début de l'approche est nominal, les moteurs sont mis sur ralenti par l'automanette pour permettre la réduction de vitesse. Le pilote automatique est engagé.
L'avion est à 2500 ft et commence à suivre le glide; l'automanette se déconnecte alors toute seule, la seule petite alarme correspondante n'est pas détectée par les pilotes. Il faut dire que cette alarme clignote souvent en approche car elle se déclenche quand la vitesse avion passe sous la vitesse cible, effet de routine pour la non détection de l'alarme.
AAIB
C'est un avion de type ancien et il n'y a ni alarme sonore ni autre message.Les volets sortent à 40° et la vitesse sélectée est mise à 135 kts mais sans automanette, la vitesse commence à chuter de 1 kt par seconde. La vitesse atteint 125 kts (vitesse d'approche -10) et le pilote monitoring annonce comme prévu l'écart de vitesse, remise de poussée du pilote puis le le Captain annonce, j'ai les commandes, remise de gaz volets 15° et pousse légèrement sur les manettes moteurs et appuie sur les poussoirs de désengagement automanette (déjà déconnectée incognito)
Le pilote automatique est toujours engagé et à cause de la chute de vitesse, il trime automatiquement l'avion pour compenser. La vitesse chute à 110 kts avec une assiette de 12°, l'alarme vibreur de manche se déclenche, le pilote pousse sur le manche pour contrer la tendance à cabrer du à la position du trim. La vitesse atteint 101 kts et le vibreur de manche s'arrête, l'avion a un peu de roulis que le pilote corrige.
Les moteurs sont à leur puissance maxi et même un peu au delà (particularité de ce vieux type avion) le pilote automatique est déconnecté, les volets rentrent lentement vers 15°, l'assiette monte alors à 22° avec toujours un peu de roulis et le vibreur de manche se réactive. L'annonce "assiette forte" est faite et le pilote annonce qu'il pousse sur le manche, c'est même les 2 pilotes qui poussent ensemble, la gouverne de profondeur n'a plus d'efficacité (position du trim et forte assiette) La vitesse chute toujours, l'assiette atteint au maximum 44°, baisse ensuite vers 33°, la vitesse est alors de 82 kts, l'avion est en décrochage, il était "heureusement " remonté vers 2500 ft...L'avion est ensuite récupéré et stabilisé, 2 ème approche sans problème.
AAIB
Les facteurs de cet incident (listé dans le document/présentation de l'OACI sur les LOC)
- non perception de l'alarme déconnection de l'automanette; le clignotement à la fois pour un fonctionnement normal et pour la déconnection de l'automanette n'est pas idéal. Il y a certes possibilité de le voir sur le Flight Mode Annunciator du PFD, mais on sait que quand l'attention se focalise sur un paramètre qui préoccupe, on ne voit pas les autres infos. Non détection de la chute de vitesse avec moteurs sur ralenti.
- avion certifié à une époque où il n'était pas requis d'avoir alarme visuelle et sonore pour la déconnection de l'automanette.
- documentation manquant de précision sur la différence de procédures entre approche du décrochage (augmenter la poussée des moteurs) et récupération du décrochage (ne pas augmenter la poussée) ainsi que sur l'utilisation du trim lors des récupérations d'upset ou de remise de gaz normale. Comme sur les gros bimoteurs, le mise en poussée des moteurs génère un fort couple cabreur.
https://www.gov.uk/aaib-reports/aar-3-2009-boeing-737-3q8-g-thof-23-september-2007
eolien- Whisky Quebec
- Message n°17
Re: pertes de contrôle en vol
Merci C.Foussa pour cet exemple, très intéressant à plus d'un titre. Je relève :
• Lorsque l'avion approche le décrochage, il est très bas. La nouvelle procédure STALL RECOVERY qui demande de réduire la poussée et de piquer pour reprendre de la vitesse devient contre nature ... le sol est proche !...
Ce qui me rappelle une de mes qualif chez Boeing à Seattle où l'instructeur plaçait l'avion (simu !...) en situation très proche de cet incident et faisait faire l'exercice en annonçant "Ground is a factor ..."
• les erreurs du copilote : il n'a pas bien surveillé sa vitesse en approche (circuit visuel défaillant), et il n'a pas réagi à la position manette des gaz en fonction de la vitesse. A l'approche de la vitesse cible soit les manettes repartent vers l'avant soit le pilote les pousse. (ce qu'à bien fait le pilote du BA38 à LHR ce qui lui a permis de détecter la panne des deux moteurs ...)
• Les deux pilotes ont poussé ensemble sur leurs volants : une aide dans une action commune, pas de double-pilotage possible ...
• Lorsque l'avion approche le décrochage, il est très bas. La nouvelle procédure STALL RECOVERY qui demande de réduire la poussée et de piquer pour reprendre de la vitesse devient contre nature ... le sol est proche !...
Ce qui me rappelle une de mes qualif chez Boeing à Seattle où l'instructeur plaçait l'avion (simu !...) en situation très proche de cet incident et faisait faire l'exercice en annonçant "Ground is a factor ..."
• les erreurs du copilote : il n'a pas bien surveillé sa vitesse en approche (circuit visuel défaillant), et il n'a pas réagi à la position manette des gaz en fonction de la vitesse. A l'approche de la vitesse cible soit les manettes repartent vers l'avant soit le pilote les pousse. (ce qu'à bien fait le pilote du BA38 à LHR ce qui lui a permis de détecter la panne des deux moteurs ...)
• Les deux pilotes ont poussé ensemble sur leurs volants : une aide dans une action commune, pas de double-pilotage possible ...
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Eolien
La dialectique est l'art d'atteindre la vérité au moyen de la discussion des opinions.
Vector- Whisky Quebec
- Message n°18
Re: pertes de contrôle en vol
Décidément l'automanette et le trim auto forment un couple d'automatismes bien dangereux dans des conditions délicates et cela rappelle un autre accident. Un bon point pour les commandes classiques et un autre pour la nouvelle procédure de sortie du décrochage, mais c'est vrai que 2500 ft de marge, ce n'est pas énorme et ça aurait facilement pu se terminer comme à Amsterdam.
Poncho (Admin)- Whisky Charlie
- Message n°19
Re: pertes de contrôle en vol
Ah Amsterdam
Tu parles du Turkish
Illustration que la complexité et la redondance des lois de vols nuit au bon déroulement du vol, oh non zut !
Illustration que les constructeurs sont très proactifs sur la sécurité aérienne, oh non zut aussi !
Illustration qu'on ne doit jamais cracher sur un peu de chance
Tu parles du Turkish
Illustration qu'on ne doit jamais cracher sur un peu de chance
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@avia.poncho
c.foussa- Whisky Quebec
- Message n°20
Re: pertes de contrôle en vol
Vector a écrit:Décidément l'automanette et le trim auto forment un couple d'automatismes bien dangereux dans des conditions délicates et cela rappelle un autre accident. Un bon point pour les commandes classiques et un autre pour la nouvelle procédure de sortie du décrochage, mais c'est vrai que 2500 ft de marge, ce n'est pas énorme et ça aurait facilement pu se terminer comme à Amsterdam.
Prudence ! Il n' y a pas de trim automatique total sur 737: il y en a un évidemment associé au pilote automatique, mais sans pilote auto, il n' y a pas de trim automatique, c'est au pilote de trimer; dans l'incident anglais, c'est qu'ils ont fait à mauvais escient. Les remises de gaz avec fort couple cabreur sont toujours délicates dans les actions au manche et sur le trim (efforts importants)
Quant à l'automanette, la perception de son statut (actif ou pas) est essentielle; les automanettes des 777 et 787 ont des protections même quand elle est désactivée, sauf dans un sous mode particulier où ça piège (mode HOLD comme pour l'Asiana de SFO)
Les récents 737 ont un petit système particulier= STS
Le système qui contrôle automatiquement le règlage du trim en pilotage manuel, sans pilotage automatique est le STS = speed trim system.
Il est actif 10 secondes après le décollage, entre 100 kts et Mach 0.60 (puis 0 à M 0.68) quand le pilote automatique n'est pas engagé et est fait pour les décollages légers, les centrages arrière et les fortes poussée moteur.
Son but est de trimer l' avion avec le stabilisateur quand la vitesse avion varie, pour faire retourner l' avion à sa vitesse initiale et avion trimé.
Exemple, si la vitesse diminue , le trim du stabilisateur se déplace à piquer pour forcer l'avion à récupérer la vitesse où il était trimé correctement. Il y a un effort à piquer sur le manche.
eolien- Whisky Quebec
- Message n°21
Re: pertes de contrôle en vol
Désolé C.Foussa, mais pourrais-tu me donner quelques précisions supplémentaires ...
Est-ce à dire qu'à partir de certaines valeurs de Masse, de Centrage et de Vitesse ce STS n'est plus actif ?...
Serait-ce à dire qu'il s'agit d'une aide au retour d'effort, si ce n'est à la place du retour d'effort lors d'une variation de vitesse ?...
Je comprendrais cette phrase sous PA, mais en manuel je n'en vois pas la finalité ... et le pilote là-dedans ?... il est spectateur et récupère l'avion à la bonne vitesse, avion bien trimmé ...
Mais puisqu'il est PF, que fait-il durant cette "transition" ?...
Un effort pour qui ? Pour le pilote, alors le retour d'effort est conservé.
Merci pour les compléments d'explications sur ce système que je ne connaissais pas.
...pour les décollages légers, les centrages arrière et les fortes poussée moteur.
Est-ce à dire qu'à partir de certaines valeurs de Masse, de Centrage et de Vitesse ce STS n'est plus actif ?...
Il est actif ... quand le pilote automatique n'est pas engagé et est fait pour les décollages légers, les centrages arrière et les fortes poussée moteur.
Serait-ce à dire qu'il s'agit d'une aide au retour d'effort, si ce n'est à la place du retour d'effort lors d'une variation de vitesse ?...
Son but est de trimer l' avion avec le stabilisateur quand la vitesse avion varie, pour faire retourner l' avion à sa vitesse initiale et avion trimé.
Je comprendrais cette phrase sous PA, mais en manuel je n'en vois pas la finalité ... et le pilote là-dedans ?... il est spectateur et récupère l'avion à la bonne vitesse, avion bien trimmé ...
Mais puisqu'il est PF, que fait-il durant cette "transition" ?...
si la vitesse diminue , le trim du stabilisateur se déplace à piquer pour forcer l'avion à récupérer la vitesse où il était trimé correctement. Il y a un effort à piquer sur le manche.
Un effort pour qui ? Pour le pilote, alors le retour d'effort est conservé.
Merci pour les compléments d'explications sur ce système que je ne connaissais pas.
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Eolien
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c.foussa- Whisky Quebec
- Message n°22
Re: pertes de contrôle en vol
Merci pour les compléments d'explications sur ce système que je ne connaissais pas.
Sans doute parce que le système n'était pas encore installé sur le type que tu as piloté. C'est maintenant de série sur toute la série 600/900.
En fait il y a un FCC= flight controls computer qui pilote les commandes de vol dans certains cas dont le cas couvert par le STS (masse faibles, CG arrière, faibles vitesses) . Si le fonctionnement du STS est visible (roues de trim) certaines autres fonctions sont transparentes pour le pilote. Comme sur 777-300ER rappelle toi où au décollage quand le taux de rapprochement de la queue devient trop fort, les calculateurs commandes de vol agissent en transparence sur la profondeur pour diminuer la rotation, d'ailleurs les derniers -300ER n'ont plus de sabot de queue.
C'est quasi la même chose que tu as connu sur 777 où on ne trimait que pour les seules variations de vitesse (pas besoin de trimer pour changements config ou de puissance) et encore car en fait on ne trime et pas physiquement, en agissant sur les classiques switch du trim, on ne change que la vitesse de référence des calculateurs de commande de vol (trim reference speed) en annulant l'effort (artificiel) au manche. C'est une question de stabilité de vitesse et aussi de force sur le manche (effort vs "g").
Je recopie le texte du FCOM ainsi qu'un autre texte du constructeur dans un autre document:
Speed Trim System
The speed trim system (STS) is a speed stability augmentation system designed to improve flight characteristics during operations with a low gross weight, aft center of gravity and high thrust when the autopilot is not engaged.
The purpose of the STS is to return the airplane to a trimmed speed by commanding the stabilizer in a direction opposite the speed change. The STS monitors inputs of stabilizer position, thrust lever position, airspeed and vertical speed and then trims the stabilizer using the autopilot stabilizer trim.
As the airplane speed increases or decreases from the trimmed speed, the stabilizer is commanded in the direction to return the airplane to the trimmed speed. This increases control column forces to force the airplane to return to the trimmed speed. As the airplane returns to the trimmed speed, the STS commanded stabilizer movement is removed.
--------------------------------
The FCCs send speed trim signals to the stabilizer trim primary electric actuator to control the horizontal stabilizer movements. This control increases the airplane stability at low air speeds. As the airplane speed slows, the stabilizer is moved to a more nose down position to increase the speed. As the speed increases, the stabilizer is moved to a more nose up position to decrease the speed. This function only operates if the autopilot is not engaged.
Une autre citation du très bon site 737.org :
Speed trim is applied to the stabilizer automatically at low speed, low weight, aft C of G and high thrust - i.e. on most take-offs.
Speed trim is a dual channel system. Sometimes you may notice that the speed trim is trimming in the opposite direction to you, this is because the speed trim is trying to trim the stabilizer in the direction calculated to provide the pilot with positive speed stability characteristics.
The speed trim system adjusts stick force so the pilot must provide significant amount of pull force to reduce airspeed or a significant amount of push force to increase airspeed. Whereas pilots are typically trying to trim the stick force to zero. Occasionally these may be in opposition.
Une vidéo certes de simulation, mais le gars semble bien connaitre :
eolien- Whisky Quebec
- Message n°23
Re: pertes de contrôle en vol
Merci C.Foussa pour ces détails ...
Ce métissage auto / manuel, système d'ingénieurs, reste complexe et que se passerait-il en cas de défaillance d'un bidule dans la chaine des calculateurs ?... Le truc auquel personne n'a pensé ou ne pouvait prévoir.
Au-delà de cette démo du STS, il est intéressant de noter, sur cette vidéo :
• pour les fans du retour d'un incidencemètre classique, les moustaches jaunes du PLI qui équivalent à la zone rouge d'un incidencemètre.
• la danse des volants conjugués, inmanquables dans le chant visuel.
Ce métissage auto / manuel, système d'ingénieurs, reste complexe et que se passerait-il en cas de défaillance d'un bidule dans la chaine des calculateurs ?... Le truc auquel personne n'a pensé ou ne pouvait prévoir.
Au-delà de cette démo du STS, il est intéressant de noter, sur cette vidéo :
• pour les fans du retour d'un incidencemètre classique, les moustaches jaunes du PLI qui équivalent à la zone rouge d'un incidencemètre.
• la danse des volants conjugués, inmanquables dans le chant visuel.
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Eolien
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Poncho (Admin)- Whisky Charlie
- Message n°24
Re: pertes de contrôle en vol
Merci Eolien et C.foussa !
_________________
@avia.poncho
eolien- Whisky Quebec
- Message n°25
Re: pertes de contrôle en vol
Poncho (Admin) a écrit:MerciEolienet C.foussa !
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Eolien
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