Admin a écrit:Laurent Simon
1. Il y a un biais extraordinaire dans toutes les comparaisons de salaires faites, on part du brut "salarié" et on oublie le "brut patronale" le coût c'est bien la somme des deux (salaire chargé).
2. Est-ce que la même chose existe au canada ? aux US ? allemagne ?
La part de la part patronale chez nous n'est pas anodine du tout...
1. Oui, et d'ailleurs il y a
pas mal de salariés français qui
ne se rendent pas compte de l'ampleur du problème, car
ces charges "patronales"
pénalisent l'emploi en France de façon extraordinaire.
beaucoup de français vivent dans l'illusion que "ce que l'entreprise (le patron !) paie n'est pas à leur détriment", puisque cela ne sort pas de leur poche personnelle, mais c'est une vision à très cour
te vue, héritée de la "lutte des classes".
Puisque l'entreprise paie ces charges (et qu'elle les répercute évidemment sur le prix de vente des produits ou services, quand elle le peut), cela signifie que le coût du travail (je ne parle ici que du salaire + charges) est beaucoup plus élevé que ce que le salarié perçoit (dans les deux sens du mot percevoir), sans que le salarié en voie beaucoup la couleur.
(d'ailleurs le fameux "travailler plus pour gagner plus" avec 'défiscalisation' des heures supplémentaires consistait justement à annuler les charges sur les heures supplémentaires, pour diminuer cet effet pervers)
Certains demandent à ce que cet artifice (cette
présentation artificielle) disparaisse, avec au contraire présentation d'un BRUT total (ce qu'on appelle
le "salaire complet"), duquel on retrancherait toutes les charges, ce qui ferait clairement apparaître au salarié le problème.
(D'ailleurs dans les entreprises qui ont fait apparaître très clairement sur le bulletin de paie ce "coût complet", les salariés ont eu des revendications très différentes, car ils comprenaient mieux le problème posé aux dirigeants de ces entreprises).
Evidemment les syndicats et la gauche répondent que les charges sont des "cotisations", qui sont un "salaire différé"... sauf que du fait qu'on a une très faible efficacité de ces dépenses (au contraire de ce qui se passe dans les pays du nord de l'Europe, pourtant très souvent cités par les syndicats et la gauche (qui se voilent la face à ce sujet depuis des décennies), ce salaire différé est bien plus faible que ce qui est déboursé.
Sur ce problème majeur de la France lire par exemple :
- "Une des causes d’un chômage bien plus élevé qu’ailleurs, en Europe. Des charges sociales excessives : la France championne d’Europe, et du chômage !!"
- "Déficits publics, charges sociales : conséquences sur le chômage, l’économie et le moral des français."
- "Impact du poids des charges sociales sur l’économie et l’emploi"
- "J. Ph. Cotis : "une indemnisation des chômeurs importante en France, mais un service public de l’emploi peu efficace" (Cotis, économiste)
- "La fiscalité du travail augmente légèrement dans l’OCDE. La France très au-dessus de la moyenne OCDE"
- "Pourquoi les charges sociales élevées pénalisent l’économie française. "Les bons chiffres pour ne pas voter nul en 2007"" (Jacques Marseille, économiste)
2. A ma connaissance, cette présentation artificielle (distinction artificielle entre charges patronales et salariés) est très spécifique à la France (déjà en Europe, où on doit être un des rares pays sinon le seul à la pratiquer), et il m'étonnerait très fort qu'elle existe en Amérique du Nord.