Philidor a écrit:Ce niveau de complexité excède-t-il celui qui existe, de manière générale, dans le pilotage des avions actuels ?
Les avions de dernière génération, B777/787 et A320:::350 sont d'une complexité inimaginable, fruit des bureaux d'études où des milliers d'ingénieurs ont planché, souvent séparés géographiquement mais aussi stratégiquement, les uns ne sachant pas ce que font les autres, non pas pour des raisons de secret mais tout simplement par manque te temps.
J'ai rencontré des ingénieurs, je leur ai posé une question qui me tenait à coeur et ils ont ouvert de grands yeux, ignorant tout du sujet parce qu'il n'était pas de leur partie.
Les procédures et leurs conditions d'emploi respectives pourront-t-elles être parfaitement assimilées par tous les pilotes, au prix d'un entraînement adapté/accru ? Si c'est le cas en simulateur, qu'en sera-t-il en vol avec un stress important ?
Question ô combien pertinente !
La philosophie des constructeurs est :
"Apprenez ce que l'on vous donne et n'en demandez pas plus, vous n'avez pas besoin d'en savoir plus !"Alors, bien évidemment, si un évènement imprévu survient les équipages sont démunis pour y trouver en une paire de secondes une réponse "appropriée".
L'entrainement, ce que l'on appelle "Le maintien des compétences" qui est l'étude permanente de la documentation, les stages, les entrainements au simulateur sont sensé répondre au minimum règlementaire. Après ...
A l'automatisme des systèmes devrait répondre soit une réponse automatique, soit une réponse humaine simple.
On dit souvent que face à l'automatisme le génie de l'homme peut par ses possibilités imaginatives apporter des réponses là où le robot ne saurait le faire.
Cet accident démontre que c'est impossible en un éclair si ce n'est pas prévu, bien expliqué, bien documenté. Il faut du temps.
Ce temps qui a manqué aux pilote de l'AF447 qui ont décroché en 45 secondes.
Tout ceci introduit une question de fond : la conception est-elle bonne (--> des mesures d'amélioration de la documentation et de la formation/l'entraînement pourraient suffire), ou introduit-elle trop de risques (--> il faudrait une modification des procédures et/ou de certains systèmes ou de logiciels) ?
Oui, le B737 tout au long de son évolution est resté un avion sûr. La dernière mouture, le MAX, introduit des concepts Fly By Wire où des calculateurs peuvent apporter des systèmes protecteurs impossible à placer autrement.
Imaginons-nous en situation :
Virage grande inclinaison : vous inclinez et tirez sur le volant pour conserver l'altitude, vous tirez et allez décrocher ... le système intervient et s'oppose à vos efforts en relâchant l'assiette ... l'avion n'a pas décroché.
Toujours en pilotage manuel vous commettez une erreur de maintien de vitesse, vous approchez le décrochage et prolongez l'action malgré les alarmes ... le système intervient et tel un Airbus fait piquer du nez pour éviter le décrochage.
Cette idée d'une protection anti-décrochage part d'une bonne idée. Las, un petit quelque chose a entrainé la perte de 189 vies .
Combien de morts avant le FBW ?
Il me semble que l'erreur majeure n'est pas d'avoir introduit ce concept sécuritaire, mais plutôt de ne pas en avoir informé les pilotes en leur donnant la clé pour intervenir si besoin.
Cependant le Stick Shaker me paraissait un excellent rempart contre le décrochage. Etait-ce vraiment insuffisant ? Le modernisme l'a emporté.
Question accessoire : que faut-il penser des différences entre le MAX et le NG. Restent-elles compatibles avec une qualification commune des pilotes pour les deux modèles ?
Normalement la différence est quasi transparente. Ce n'est qu'en cas de panne ou de défaut que la différence pointe son nez.
J'ai bavardé hier soir avec un pilote NG. Très satisfait de son avion ils planchent déjà sur le MAX qui va arriver très prochainement dans leur flotte.
Comme nous ils découvrent ce cas "Lion Air". Le concept MCAS leur parait intéressant. Ils attendent comme nous les réponses aux causes de la défaillance.
Je gage que Boeing continuera à améliorer ce système en recherchant l'infaillibilité. Si faire se peut.