Laurent, le dénouement juridique de cet accident ne sera pas simple.
Airbus pointe du doigt l'équipage en disant qu'à la situation de perte de vitesse la réponse que les pilotes doivent apporter est la procédure IAS Douteuses.
Or, page 346 du rapport d'expertise judiciaire, je lis :
• 3.1 La procédure « IAS douteuses », procédure non ECAM, bien qu'adaptée à la situation était inadéquate au vu des symptômes perceptibles.
Airbus répète souvent que les systèmes ont fonctionné "as design".
Ainsi de la réversion en Alternate Law 2B.
Où est décrite cette 2B ?
Pourquoi en avoir fait une loi hybride rompant avec l'homogénéité indispensable des commandes de vol ?
Pourquoi le "as design" a conduit le message NAV ADR DISAGREE à n'apparaitre qu'après 2 mn et 39 s ?
Je ne vais pas rappeler tous les "as designed" calamiteux, du changement de PHC, de la modification du FWC, de l'alarme STALL inversée, etc, etc ...
Airbus pourra dire qu'il suffisait d'afficher quelques degrés d'assiette, une poussée réacteurs moyenne, et que les choses se seraient déroulée "as design".
Mais l'avion n'était pas en croisière rectiligne uniforme.
Il s'est mis en descente et en virage !
La poussée de ses réacteurs s'est figée !
Le pilote en a conclu qu'il avait accéléré, qu'il flirtait avec les survitesses, hypothèse confortée par le rappel de vitesses maximales à l'ECAM ...
Mais il n'y avait pas que cela : des messages de pannes se succédaient sans laisser le temps de les interpréter, des klaxons d'alarmes sonnaient, les voyants d'alarmes s'allumaient, des alarmes décrochage sonnaient, inutiles, injustifiées et stressantes, le directeur de vol donnait des ordres inadaptés ...
Cet argument de l'assiette est un argument de salon. Un avion vole, les vitesses disparaissent, le pilote pose son cigare et maintient la trajectoire, sifflotant dans le chuintement du vent. C'est Bora-Bora !
Le cockpit de l'AF447, c'était le cyclone Katrina !...
Le pire, c'est que c'était "as design".
Cela peut se reproduire demain ... rien n'a été modifié.