par eolien Dim 13 Sep 2015 - 23:36
Je ne suis pas l'avocat d'Air France et ne connais évidemment pas ce que sera leur stratégie. Aussi je présenterais le problème différemment.
En opposition au "ne rien faire" et au "as design" d'Airbus, j'avancerais les questions suivantes :
• Est-il possible d'incriminer un pilote pour ne pas avoir su diagnostiquer la panne d'un système complexe qui n'est assorti d'aucune alarme de panne dédiée. (Panne des sondes Pitot)
• Est-il possible d'incriminer un pilote pour ne pas avoir su reconnaitre la mise en oeuvre d'un système qui n'est décrit nulle part ? (Alternate Law 2B)
• Est-il possible d'incriminer un pilote pour ne pas avoir su identifier un changement de gestion des commandes de vol qui n'est pas assorti d'un message d'alarme précis mais de messages de pannes pouvant provenir de pannes d'origines différentes ? (F/CTL, A/THR, ...)
Je voudrais insister sur un point : après la perte du Pilote Automatique, le premier message qui est apparu est celui de la rétrogradation des lois de pilotage.
Cet évènement n'est pas lié à une panne interne des calculateurs mais à un désaccord entre les 3 ADR.
Or, ce désaccord aurait dû envoyer le message NAV ADR DISAGREE, puis le message F/CTL.
Cette anomalie peut paraitre banale. Banale car nous savons par l'étude des rapports que c'est le bouchage des sondes Pitot qui a déclenché cette séquence.
Les pilotes de l'AF447 n'avaient dans ces toutes premières secondes aucun moyen de le savoir.
C'est un facteur essentiel dans l'échec de l'analyse de panne.
Car, dans le même temps il se produit plusieurs évènements (Mise en descente, alarme d'écart d'altitude; mise en virage, alarmes diverses, puis, à la 5ème seconde, message A/THR, Rappel de la survitesse, Alarme STALL intempestive, perte du FD etc, etc )
Le pilote au commande n'a pas pu attribuer les difficultés de pilotage à un problème de Pitot, mais à un grave désordre dans les calculateurs des commandes de vol.
Ce qui lui fera dire, une minute plus tard, alors que l'avion est en décrochage :
" j’ai plus le contrôle de l’avion là ... j’ai plus du tout le contrôle de l’avion"
puis :
"on a perdu le contrôle de l’avion on comprend rien on a tout tenté ..."
Chacun peut supposer à quoi faisait allusion ce pilote en disant " ...on a tout tenté ..."
Je suppose qu'il avait encore en mémoire ses difficultés soudaines avec un avion dont les commandes ne réagissaient plus comme d'habitude, un avion dont la mise en descente brutale et le départ en virage lui donnait à penser à de graves désordres dans les commandes de vol.
Il est trop facile de dire : "Moi aux commandes je n'aurais tenu compte de rien sauf de l'horizon artificiel sur lequel j'aurais affiché 2,5° d'assiette et une poussée au réacteur de 80 %, car avec mon talent naturel j'aurais sur l'instant compris ce qu'il se passait et je me serais instantanément adapté aux caprices d'une loi hybride que je n'avais pourtant jamais pratiquée."
Il faut laisser ces vantardises à des expert-pilotes.