L'avis de Tony Blair,
(je n'ai accès qu'au début de l'article, mais c'est déjà intéressant)
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/11/19/tony-blair-l-accord-sur-le-brexit-ne-tiendra-pas_5385342_3232.html
"...
Theresa May a fait preuve de courage et de résilience en concluant cet « accord », et les négociateurs, tant britanniques qu’européens, méritent le respect pour les immenses efforts qu’ils ont déployés dans des circonstances particulièrement difficiles. Ils ont, elle et eux, toute ma sympathie. Mais
deux grosses failles ont miné ces négociations : l’une est d’ordre technique, l’autre de nature politique.
La faille technique repose sur le projet d’accord. Celui-ci fait croire qu’il est possible pour le Royaume-Uni d’être simultanément en dehors du marché unique et de l’union douanière tout en ayant accès aux marchés européens sans aucune friction aux frontières. Autrement dit, il pourrait continuer à échanger librement des biens en Europe comme il le fait aujourd’hui, mais sans être juridiquement contraint de se conformer aux règles européennes.
Lire aussi Que contient l’accord sur le Brexit ?
Theresa May, en tout cas lorsqu’elle s’adresse à un auditoire britannique, affirme que son accord réussit à concilier les deux. L’Europe sait que ce n’est pas le cas.Une divergence fondamentaleDe la même façon, les complexes arrangements du
backstop, nécessaires pour que la frontière irlandaise reste ouverte, sont présentés au Royaume-Uni comme signifiant que celui-ci restera dans l’union douanière pendant une période déterminée par Londres. L’Europe sait bien que ce n’est pas vrai. Le pays restera dans l’union douanière jusqu’à ce que les deux parties conviennent qu’il ne doit plus y rester.
Autrement dit, l’Union européenne dispose d’un veto.
Il s’agit là de formulations astucieuses – un véritable travail d’orfèvre – qui cherchent en réalité à occulter une divergence fondamentale. Ce n’est pas raisonnable.
Cela nous mènera au chaos ...
"
Et cet article de HuffingtonPost, qui fait la synthèse des réactions dans plusieurs pays européens.
https://www.huffingtonpost.fr/2018/11/18/brexit-ce-que-pense-le-reste-de-l-europe-pendant-que-le-royaume-uni-se-dechire_a_23592775/
Lecture édifiante, dont voici l'extrait concernant l'Italie :
'Le quotidien italien
La Repubblica considère comme une "guerre d'usure psychologique" les récents événements de Westminster. "Le problème est qu'en attendant [leur résolution], le chaos pourrait s'abattre sur la Grande-Bretagne."
Tout en pointant la responsabilité de la presse d'extrême droite dans l'issue du référendum, il en souligne l'évident changement de ton face aux tensions croissantes dans les négociations.
D'après l'éditorial, "Suite à la victoire du 'Leave',
le Sun [
très favorable au Brexit, le Sun avait largement contribué à répandre les mensonges grossiers sur les supposés avantages du Brexit] titrait sur un incroyable 'Jour de l'Indépendance'. Mais la dure réalité a considérablement compliqué les choses, et
sa dernière une voit maintenant le pays 'in the Brexshit'".
Pour l'autre publication
Il Foglia, il y a dans le projet d'accord "plus de trous que [dans] du gruyère" en ce qui concerne les citoyens britanniques installés sur le continent.
Angela Mauro, journaliste au
HuffPost italien, porte de Rome un regard des plus étonnants sur la situation:
"Le chaos entourant le Brexit laisse le gouvernement populiste italien désarmé.
Lui-même est actuellement en conflit avec Bruxelles sur le budget du pays après son rejet par la Commission européenne, qui semble devoir entraîner des sanctions financières. C'est pourquoi le Premier ministre Giuseppe Conte et ses deux vice-premiers ministres, Luigi di Maio et Matteo Salvini, gardent un silence prudent sur la question britannique.
Le tumulte londonien actuel évoque un scénario familier en Italie: à long terme, une confrontation avec l'UE ne semble pas si profitable.
Il y a deux ans, la Ligue comme le Mouvement cinq étoiles saluaient tous deux la victoire du 'Leave' comme un vrai désaveu pour l'Europe... Mais ils n'ont aujourd'hui plus rien à fêter."
'
--------
Du côté des 27, l'unité semble préservée https://www.romandie.com/news/Brexit-unite-des-27-en-faveur-du-projet-d-accord_RP/972565.rom
"
Les ministres des affaires européennes des 27 ont donné leur feu vert au projet d'accord sur le Brexit, a déclaré lundi à l'issue d'une réunion à Bruxelles, le ministre autrichien des Affaires européennes Gernot Blümel, lors d'une conférence de presse.
"La première étape difficile est franchie. Nous avons réussi à préserver l'unité", a ajouté à propos de l'accord de divorce le ministre, dont le pays occupe la présidence tournante de l'UE.
"Je suis satisfait que les ministres soutiennent aujourd'hui tout le paquet", a ajouté de son côté le négociateur en chef de l'UE pour le Brexit, Michel Barnier, six jours avant un sommet exceptionnel des chefs d'Etat et de gouvernement dimanche à Bruxelles entre les 27.
La dirigeante britannique Theresa May, qui fait face dans son pays à de vives oppositions sur ce projet, doit également être présente.
Selon les Européens, la possibilité d'étendre la période de transition post-Brexit, pendant laquelle le Royaume-Uni resterait de fait dans le giron de l'UE, fait partie des
seuls points encore ouverts aux discussions concernant les modalités du divorce.
"Je pense que durant cette semaine nous ferons une proposition définitive pour une date. Cette décision sera prise d'un commun accord entre le Royaume Uni et les 27", a dit M. Barnier.
Celle-ci est actuellement prévue jusqu'à fin 2020 dans l'accord provisoire de retrait, mais le négociateur en chef de l'UE, Michel Barnier aurait proposé qu'elle puisse être prolongée de deux ans, selon une source européenne.
"Evidemment si on prolonge (...) il y aura un accord à trouver sur le plan de la contribution financière" du Royaume-Uni, a souligne M. Barnier.
(
AFP / 19 novembre 2018 11h06) "
-----------------
Des précisions complémentaires :
https://www.lapresse.ca/international/europe/201811/19/01-5204709-brexit-feu-vert-des-27-a-laccord-de-divorce.php
...
Des pays comme la France, qui auraient souhaité un meilleur résultat sur la question de la pêche, n'en feront pas un point de blocage, conscients que les Britanniques pourraient à leur tour présenter de nouvelles demandes.
« Nous ne souhaitons pas rouvrir l'accord, mais nous serons très vigilants sur sa mise en oeuvre », a expliqué lundi la ministre française Nathalie Loiseau, après la réunion. « Les 27 sont allés au bout de leurs marges de manoeuvre ».
...
La ratification parlementaire britannique est loin d'être acquise, sur fond de profondes divisions de la classe politique du pays sur le type de Brexit qu'elle souhaite.
Theresa May se retrouve ainsi sous la menace d'une motion de censure, et sous pression de l'aile dure des partisans du Brexit qui exigent de pouvoir renégocier le texte, inacceptable à leurs yeux.
Certains estiment qu'elle a sacrifié la souveraineté du pays en acceptant la perspective d'une union douanière avec l'UE, d'une durée indéfinie, comme solution de dernier recours pour empêcher le retour d'une frontière physique entre les deux Irlandes.
« En fait, nous sommes en train d'abandonner le contrôle à l'UE, et
cette feuille de vigne de 585 pages ne fait rien pour couvrir l'embarras de notre défaite totale », a jugé l'ex-chef de la diplomatie britannique Boris Johnson dans un texte publié lundi."
Mon avis, sur ce dernier point :
Ben oui, Boris Johnson, à quoi sert-il de clamer haut et fort des contre vérités flagrantes AVANT le vote ??!!!