A propos du 777...et pour relancer un peu le débat sur les ingénieurs et leurs automatismes.
Je trouvais ta description du 777 un peu idyllique (il est naturel d'aimer son avion ) donc je suis allé voir un peu les incidents concernant cet avion.
Je suis tombé sur un rapport du BEA que tu connais déja j'en suis sûr (Approche cat III sur CDG en B777):
En approche CAT III la capacité rétrograde de LAND 3 à LAND 2. (Heure H). Pout quelle raison ? Allumage "master warning" mais pas d'alarme sonore !!! (pourquoi?)
Le copilote de renfort annonce "ALARME" et le copilote PNF annonce "remise de gaz"
RdG initiée H+8'' à 320 ft R/A, 136 kts et assiette +1°. Les manettes sont en butée avant position TOGA à H+10''.
Le PF simultanément déconnecte l'auto-manette et tire sur son manche mais pas assez fort pour débrayer le PA ( ???? ) . On est à 250 ft R/A et toujours 136 kts.
L'assiette diminue et la vitesse augmente. Entre H+11" et H+20" le PHR donne un ordre à piquer passant de -0.5° à +1.15°. ( il suit son ILS lui...bien que le CdB ait tiré sur le manche pour monter, il devait pouvoir contrer l'AP je suppose).
Le PNF rentre les volets vers 20° à h+12". Assiette toujours à -2°. Le pilote de renfort annonce "assiette".
A H+17" le PF et le PNF tirent à deux sur le manche ( pilotage simultané ?).L'AP est désengagé l'avion prend 1.84 G , l'assiette passe de -2° à +7°.
De H+18" à H+21" --> "l’effort à piquer du PF et l’effort à cabrer du copilote sur le volant s'annulent: le volant revient en position neutre." La vitesse est alors à 169 kts.
Le pilote de renfort annonce à nouveau "assiette".
A H+21" le PF relâche son effort à piquer sur le volant et l’ordre global donné par la position du volant est enfin à cabrer (PNF qui tire). L’accélération verticale enregistrée est de 1,71 g. La CAS est de 180 kt. La hauteur radiosonde atteint une valeur minimum de 63 ft.
Soit à 5" du crash.
L’assiette passe de + 5° à + 11° (en 2 secondes) puis de + 11° à + 19° (en 10 secondes).
A H+33" le train est positionné sur "renrée".
J'ai compris que le CdB a confondu dans son gestuel "deconnexion auto-manette" et "TOGA switches" . A quoi servent ces "TOGA switches" à partit du moment où les manettes sont en TOGA? Le fait de pousser les manettes en TOGA en courte finale ne suffit pas à faire comprendre à l'AP que l'on remet les gaz? Dans ce cas je préfère le système Airbus de l'ATHR : tu pousses tes manettes de 2 cm en TOGA et les automatismes font le reste instantanément ( manettes sur TOGA = poussée TOGA, prise automatique d'assiette, maintient de vitesse).
Double pilotage : "Le PNF maintient un effort constant à cabrer tandis que le PF exerce une action opposée. L’assiette demeure insuffisante pour une manoeuvre de remise des gaz". C'est une bataille "musculaire" entre CdB et copi ou c'est comme sur Airbus une somme algébrique des efforts? Quand le Cdb cesse son effort à piquer c'est le copi qui tire toujours qui fait monter l'avion! Si le Cdb avait insisté 5" de plus c'était le crash avec ces efforts contraires qui s'annulent ?
Mes remarques:
- Alarme visuelle sans alarme sonore lors de la rétrogradation de capacité de LAND3 à LAND2 ( d'aprés ce que j'ai compris il y aurait dû avoir les deux).
- Pas d'alarme déconnexion AP. Pourquoi?
- Probléme évident d'ergonomie (auto-manette et poussée TOGA)
- A quoi servent ces palettes "TOGA" ?
- Le pilote n'arrive pas manuellement avec son manche à imposer sa loi au PHR qui poursuit dans sa logique d'ILS.
- Les manches avec volants n'ont pas empêcher le double pilotage.
- Les mêmes manches d'aprés ce que je comprend font comme les mini-manches (2 ordes contraires = 1ordre nul).
- Le rapport ne parle pas de la cause du passage de LAND3 à LAND2 sans aucune autre alarme. Pourquoi cette rétrogradation sans autre alarme?
- A H+10" (TOGA) avec un Airbus et son ATHR que tu n'aimes pas ( ) , tu ne passais pas sous 300ft, tu avais instantanment une assiette de montée et un maintient de vitesse. Un seul geste instinctif de pilote en remise de gaz: pousser les manettes.
10. Avec un Mini-manche tu tires à peine l'AP saute. Là ils ont dû tirer à deux pour le faire sauter.
Conclusion : aucun système n'est parfait, qu'il s'appelle Airbus ou Boeing. Personnellement je trouve le système Airbus bien plus "safe" ( dans ce cas précis de remise de gaz) .
Tout en continuant à partager tes convictions sur l'AF447 concernant Airbus et ses logiques je m'aperçois qu'il n'y a pas que chez eux que les automatismes dysfonctionnent et présentent certaines bizarreries d'ingénieur.
Avant de répondre laisse moi le temps d'aller chercher mon casque lourd...je sens qu'une pluie de gros grêlons va me tomber dessus pour avoir dit du mal de ton avion "chéri" .... .
Amicalement